Charlott, j’ai besoin d’être entourée de mes personnages.

La Galerie Lisa de Jean-François Ruiz et Pascale Robert inaugure un tout nouvel espace d’exposition. Et c’est Charlott qui est mise à l’honneur en premier. Au fil de peintures et de sculptures, cette plasticienne crée son monde et s’entoure de cette galerie de personnages qui lui sont nécessaires.

Charlott, que racontent tes œuvres ?
J’ai un art spontané, je ne fais pas de croquis préparatoire. J’ai envie de peindre, j’en ai besoin. Les formes apparaissent au fur et à mesure. A un moment je sais que c’est fini. Je préfère que les gens se racontent leurs propres histoires, car pour moi ce n’est pas réfléchi. Quand je crée ces personnages, c’est par besoin, ils sont importants pour moi, j’ai besoin d’être entourée par eux. Certains sont exposés chez moi, je n’ai pas voulu les vendre, j’y suis très attachée.
 
Que présentes-tu à la Galerie Lisa ?
Plusieurs types d’œuvre. Je n’aime pas m’ennuyer, donc je change souvent ce que je crée. Des personnages bien sûr, des collages repeints par-dessus, des acryliques, des huiles, des natures mortes, un panel de mes œuvres de différentes périodes. Un artiste a toujours différentes phases dans sa création, mais chez moi elles sont plus courtes. Parfois je dessine de l’abstrait, souvent des personnages. Ce que je préfère ce sont ces masques que je crée en ce moment. Ils flottent au milieu de la toile, un peu comme des grigris. Mais quand j’en ai trop fait, je fais une pause abstraite, puis reviens aux personnages. J’ai beaucoup voyagé aussi, je suis une grande collectionneuse, je ramène des grigris de mes voyages. Je prends également beaucoup de photos. Je réunis, je colle, je rassemble sur le même format.
 
Comment crées-tu une œuvre ?
C’est avant tout le besoin de peindre, je suis assez productive. Je vais dans mon atelier, j’ai un format qui me fait envie, le support est neutre puis la forme apparait au fur et à mesure. Les couleurs s’associent, me donnent envie d’aller vers autre chose. Quand ça ne me convient pas, je repasse dessus, je change la couleur. Un trait en enchaine un autre, une couleur une autre. C’est pareil pour les techniques qui se mélangent, c’est sur le moment. J’ai une envie je la réalise puis je vois si ça fonctionne. Quand je ne peins pas, je ressens un manque.
 
Quand as-tu décidé d’être peintre ?
Depuis toute petite je dessine beaucoup. Mes parents l’ont vu en premier, je n’étais pas très scolaire, ce qui était important c’était de dessiner. Un jour que je n’avais pas fait mes devoirs mon père m’a grondée, je lui ai répondu : « mais tu ne te rends pas compte, je n’ai même pas eu le temps de dessiner aujourd’hui ! » J’ai commencé par une formation de graphiste, mais je n’aimais pas être toute la journée sur un ordinateur. Alors j’ai fait une école d’illustration à Lyon, puis les Beaux-Arts d’Annecy. J’ai gagné un prix, fait un workshop de sculpture dans le Sultanat d’Oman. J’ai vécu à Londres, où c’était difficile de ne vivre que de mon art. Puis je me suis installée dans la région. Même si je n’arrivais plus à en vivre, je créerais toujours, c’est vital. 
 

Pourquoi t’es-tu installée dans la région ?

J’ai vécu deux ans à Londres, ce n’était pas pour moi. J’ai décidé de revenir. J’ai essayé d’y repartir pour un an cette fois, mais vraiment ça ne fonctionnait pas. J’ai grandi et fait mes études à Genève, j’avais envie d’une vie plus tranquille, plus saine, plus calme, avec du soleil. Je voulais me rapprocher d’une hygiène de vie qui me correspond plus. Alors je suis venue m’installer ici.

 

As-tu des sources d’inspiration, des modèles ?

Je dirais tous les jours, tout le temps. Ça peut être des artistes, des expos, des personnalités, des paysages. Je suis fascinée par la mer, j’ai toujours aimé ça : les fonds marins, les bateaux. Ma dernière sculpture part d’un pare-battage de bateau. C’est aussi tout ce qui va me rendre zen, me faire du bien, et me pousser à créer. Si ça fait sens, ça me convient. Je regarde beaucoup de reportages. Mes voyages, des paysages m’inspirent. Certains artistes aussi, qui peut- être sonnent cliché aujourd’hui : Basquiat, Keith Haring. Je prends tout ça et le mets à ma sauce.