Christian Philibert, Les vingt ans d’Espigoules.

En tournée

 

Christian Philibert, le cinéaste varois, a marqué la vie de notre région avec son « Quatre saisons d’Espigoules ».
Cette année, il va fêter les vingt ans de son premier film, en tournée dans tout le Var.

 

Le but de ton cinéma est de créer du lien social ?
C’est quelque chose que je découvre au fil des années. Au moment où j’ai tourné, je cherchais à réaliser une oeuvre décalée. L’important est l’envie de revoir et de partager ce cinéma. Je me suis rendu compte plus tard de la dynamique que le film allait insuffler sur les places de village, avec l’apéro et la musique associée. Ce fut flagrant pour les dix ans du film, les villages ont été envahis, nous avons eu cinq mille personnes sur le week-end, dans la convivialité.Au départ, je n’avais pas conscience de tout cela, je l’ai cultivé après, pas encore avec « Travail d’arabe », mais avec « Afrik’aïoli » et « Massilia ». Je souhaite créer des objets différents fédérateurs et iconoclastes, c’est la fonction d’un artiste. Il y a aussi le souhait de faire des films ici, sans aller à Paris, ce qui ne fut le cas ni de Pagnol ni de Guédiguian.

Tu es en train d’essayer de finir le troisième volet…
Je me suis dit très tôt que si je faisais une suite ce serait pour amener les Espigoulais à la rencontre d’autres cultures. Avec mon ami Jacques Dussart, très implanté au Sénégal, on a eu l’idée de faire ce pont entre deux « tribus ». On a plus de points communs qu’on ne peut l’imaginer avec un petit village au fond de l’Afrique. Et nous avons la culture Pagnol, celle de la trilogie ! Donc nous voulons créer le match retour avec Modou qui vient ici. C’est un peu un trio black-blanc-beur. Jean Marc puise dans ses racines italiennes les plus profondes, Momo, c’est l’exemple même de l’intégration, même s’il n’aime pas le mot, car il est provençal avant tout ! Bien sûr, en toile de fond, on a la question des migrants. C’est un des sujets d’aujourd’hui, et c’est une manière de le traiter qui me correspond bien. Il faut que j’arrive à trouver les moyens de le finir, c’est difficile aujourd’hui.

Vingt ans ça se fête ! Le programme des festivités ?
Nous avons une belle tournée varoise d’été, qui rejoint aussi cette dynamique que je cherche à créer sur le mécénat. Nous avons beaucoup de dates. Le 13 juillet c’est un événement : on va le fêter à Ginasservis (qui a servi de modèle à Espigoules ndlr). Tout le monde est invité ! Nous lançons la BD en deux tomes, créée par Axel Graisely et Lobé. C’est l’histoire du film, avec l’univers de Lobé, dessinateur varois. Nous présentons aussi le doc réalisé par mon assistant Jérome Quadri : « Il était une fois Espigoules ». On y remonte jusqu’à mon enfance, à l’école, avec Guy, le maire de Ginasservis de l’époque, qui restera éternellement maire d’Espigoules. Tout n’est pas vrai dans Espigoules, mais rien n’est vraiment faux. On parle aussi du Phacomochère, qui va participer énormément au mythe, et est rentré au Muséum de Toulon en 2011 ! Le 25 juillet, nous sommes à Cotignac, pour le Festival du Rocher, le 9 août à Brignoles, le 16 août à Néoules, le 17 août à Figanières, les 30 et 31 août au Fort Balaguier à La Seyne. Je vais y parrainer le nouveau festival de courts-métrages. Nous présentons une copie du film remastérisée. En novembre il y aura une rétrospective de mes films dans tout le Var.

Au Telegraphe tu animes la rubrique l’écho d’Espigoules…
J’ai une passion pour l’histoire de notre région, j’ai réalisé beaucoup de documentaires : l’affaire Yann Piat, le débarquement en Provence… J’ai rencontré François Veillon, nous avons échangé autour de ces questions, ça l’a intéressé. Nous aurons un rendez-vous régulier, quelques fois par an, avec des conférences autour de ces thèmes historiques. Nous aurons Gaspard de Besse, héros de notre région, et Germain Nouveau, poète varois ami de Rimbaud et Verlaine, qui pourrait bien être le véritable auteur des « Illuminations ». Tout sera podcasté sur le site du Telegraphe. Je suis très attaché à la transmission.