Christophe Alliel – Des enfants aux prises à une menace étrange

>>Les Mondes Electriques T.3

Dessinateur et scénariste seynois, Christophe Alliel clôture la trilogie « Les Mondes Électriques » avec un troisième tome riche en émotions et en révélations. Inspiré par ses enfants, l’auteur propose une aventure captivante où la lumière vacille entre ombre et espoir. Retour sur son parcours, son processus créatif et son prochain projet.

Comment as-tu découvert la bande dessinée ?
Tout a commencé avec « Dragon Ball ». Ce manga a été une révolution pour moi. J’ai dû relire le premier tome au moins cent cinquante fois. Je m’amusais à redessiner des cases pour comprendre les mécanismes narratifs et graphiques. Plus tard, « Spirou » de Tome et Janry a marqué un tournant : avec « La Vallée des Bannis », j’ai su que je voulais faire de la bande dessi- née. Cet album reste une référence, il m’a appris que les personnages pouvaient être complexes, voire inattendus. Après des études de graphisme – une sécurité que mes parents souhaitaient – j’ai montré mes premières planches à Christophe Arleston, en 2002, qui m’a publié dans « Lanfeust Mag ». Puis j’ai signé mon premier contrat avec Soleil pour « Les Terres de Caël ».

Comment définirais-tu ton style ?
Je me situe dans un registre semi-réaliste, à mi-chemin entre le franco-belge et le manga. J’ai été profondément influencé par le Golden Age des mangas, notamment Otomo (« Akira »). Mes inspirations viennent surtout du Japon, moins des comics.

C’est ta première bande dessinée en tant que scénariste et dessinateur. Pourquoi cette envie ?

Pendant dix ans, j’ai vécu en Malaisie. J’y ai fondé une famille, mais mon lien avec la BD s’était distendu. J’acceptais des projets plus par nécessité que par envie. Alors, je me suis dit qu’il fallait que je crée mes propres histoires. « Les Mondes Électriques » est un hommage à « La Guerre des Mondes » d’H.G. Wells, mais vu à travers les yeux d’enfants. Une grande sœur et son petit frère changent d’école et l’adaptation ne se fait pas très bien. L’histoire démarre avec une coupure de courant généralisée, marquant le début d’un chaos où les adultes deviennent étrangement agressifs. Les enfants doivent se défendre, comprendre
la folie des adultes, et cette présence qui rôde dans l’obscurité. L’idée m’est venue en observant mes enfants. Leur manière d’interagir m’a inspiré des situations réalistes et émouvantes. Chaque tome explore un personnage central. Le troisième et dernier, « Amélia », clôture l’histoire en se concentrant sur la mère des enfants.

Comment ont réagi les lecteurs ?
Je redoutais les critiques pour le premier tome, mais elles ont été très positives. Le tome 2 a confirmé cet engouement, et le troisième, sorti en septembre, reçoit un excellent accueil. Glénat a fait un travail formidable en termes de promotion. Leur enthousiasme est palpable : lorsque j’ai rencontré l’équipe à Angoulême, ils avaient tous lus mes albums et attendaient la suite avec impatience !

Peux-tu nous parler de ton prochain projet ?
Je travaille sur une série jeunesse intitulée « Gardien de Fer », prévue pour 2026, toujours chez Glénat. On suit un garçon dans un monde postapocalyptique, où l’humanité a fait face à une invasion extra-terrestre. L’enfant reconstruit un robot industriel et va être amené à le piloter dans une arène de combat pour sauver son chien blessé par des malfrats. L’idée est de créer une histoire accessible dès sept ans ! Le premier cycle est pensé en trois tomes, mais j’espère qu’il y aura une suite. Je tiens aussi à ce que les albums soient abordables : j’ai réussi à convaincre Glénat de vendre le premier tome à moins de 10€ pendant quelques mois, afin que les enfants eux-mêmes puissent s’offrir les albums.

Fabrice Lo Piccolo