Claire Nebout – L’émancipation d’une femme.
THEÂTRE
Viva Frida – Châteauvallon Ollioules
22 & 23 Février
Qui était Frida Kahlo ? A partir de ses correspondances, Claire Nebout dresse le portrait fidèle de cette femme artiste dans un seul en scène fort et émouvant.
Qu’est-ce qui vous a intéressé chez Frida Kahlo ?
J’ai toujours été fascinée par son œuvre, par sa peinture si singulière qui en a fait une figure importante du XXe siècle, notamment avec son travail sur ses autoportraits… C’est une femme qui a livré son intimité aux yeux de tous, comme un miroir de sa vie. Je trouve ça très émouvant, bouleversant. Je me suis rendu compte aussi que nous la voyons partout autour de nous, t-shirts,
tatouages, bijoux, sacs… C’est devenu une icône et son image est devenue un produit marketing. Elle a eu une vie assez difficile, tragique et romanesque. Très jeune, un accident jeune l’a rendue infirme. Il me semblait important de raconter sa vie car très peu de gens au final la connaissent vraiment.
A partir de quelles sources avez-vous travaillé pour créer “Viva Frida” ?
Je suis à l’initiative de ce projet et j’ai demandé l’aide d’un auteur avec qui j’ai déjà travaillé, Didier Goupil. Nous nous sommes inspirés des correspondances de Frida. Je souhaitais que l’on entende sa voix, avec sa vision du monde très moderne pour l’époque… L’idée du spectacle est de raconter l’émancipation d’une femme artiste, de savoir comment elle a réussi à réaliser ses rêves… Elle voulait être libre et ne dépendre de personne. Ça se ressent dans sa correspondance. A partir de ce matériau, Didier Goupil a créé sept tableaux, sept autoportraits basés sur les grandes épreuves de sa vie : son rapport au corps à cause de son accident qui l’a handicapée, à la vie, à la peinture, aux autoportraits, miroirs de sa vie, à la maternité, à l’amour, et enfin au voyage.
Quelles ont été les particularités du travail d’incarnation de ce personnage ?
J’ai fait appel à une metteuse en scène, Karelle Prugnaud, qui vient du cirque et de la performance. J’ai pensé qu’elle était à même d’y apporter quelque chose de physique, de fort, pour montrer la violence qu’a subie Frida Kahlo tout au long de sa vie, que nous puissions la ressentir sur le plateau. Elle a eu l’idée de me mettre sur un tapis de Fakir, où je serai pieds nus, au centre de la scène, avec un micro, et un musicien qui m’accompagne… Il fallait montrer que Frida Kahlo a vécu une série de contraintes durant toute sa vie. Et pour contraindre le corps, il ne faut pas être dans une position agréable. Cette metteuse en scène est géniale, elle me pousse dans des zones où je ne suis jamais allée et bouscule mes compétences.
Pourquoi avoir choisi le seul en scène ?
C’était un défi. Je souhaitais sortir de ma zone de confort, faire autre chose que des téléfilms ou des apparitions au cinéma. Être seule en scène demande une grande vigilance, une grande concentration. Je me suis lancé ce défi pour retrouver un peu de vivant, remettre en question la maturité de mon travail et me mettre en danger. Je voulais découvrir de nouveaux univers.
Vous jouez souvent des rôles où votre personnage doit s’imposer et prouver sa valeur, comme Frida Kahlo ou Louise au cinéma, en quoi est-ce important pour vous ?
Je trouve ça tellement intéressant d’incarner des personnages complexes, avec différentes facettes, des souffrances, des douleurs et avec des zones d’ombre que l’on va révéler au public avec émotion. J’ai tendance à jouer des personnages qui vivent quelque chose de fort, qui ont des vies compliquées, des tragédies, qui sortent de l’ordinaire. C’est ce qui compte, c’est comme cela que l’on va toucher le public.
Emilie Palandri
Février 2022