CO-DIRECTION DE TANDEM – SYLVAIN BESSE – Quarante ans de musiques actuelles

Sylvain est à l’origine, avec Marc Baudino, de la création de Tandem, il y a vingt ans déjà. Pendant son parcours professionnel, qui terminera à la fin de l’année, il aura lutté becs et ongles pour la défense et la diffusion de sa passion, ces musiques que l’on qualifie d’actuelles.

Quelle est ta fonction au sein de Tandem ?
Je suis co-fondateur et co-directeur. Je suis particulièrement en charge de la direction artistique, avec la programmation, et avant que Charlie s’en occupe l’accompagnement artistique, le suivi administratif et la communication.

Quel a été ton parcours avant Tandem ?
Je suis de la génération qui a fêté les dix ans de Wookdstock ! Après une école de photo à Tours, j’ai fondé ma première association d’organisation de ciné-concerts en 80 et 81. J’ai débarqué à Toulon-Hyères en 82. Je faisais des photos de concerts et j’ai rencontré l’équipe d’Albatros, structure de promotion locale et d’organisation de concerts. J’ai appris le métier d’organisateur et producteur de spectacles avec eux pendant quelques années. Parallèlement, j’ai été intégré à l’association Rock d’Ici, qui faisait jouer des groupes locaux, puis en 84, j’ai cofondé ASPECT pour essayer de structurer le secteur Musiques Actuelles. J’ai fait des concerts et des événements, dont des gros tremplins rock sur les plages du Mourillon et les Découvertes du Printemps de Bourges à partir de 87. J’ai également organisé des ateliers et des concerts avec des jeunes des quartiers… On a d’ailleurs produit deux compils avec eux. En 2001, nous avons fusionné avec le Crep Musiczak
pour créer une plus grosse structure et avoir la labellisation Scène de Musiques Actuelles Départementale.

Alors vingt ans ça fait quoi ?
Ça fait plaisir. On a duré et on a pu structurer le projet. Vingt ans déjà ! Ce n’était pas gagné d’avance, la labellisation SMAC était récente, ce n’était pas évident de l’avoir et de la garder.

Quels ont été les moments marquants de ces vingt ans ?
Plein de choses ! Dans la durée, le fait de se développer sur le territoire. Et aussi d’avoir pu créer un festival sur une esthétique folk, que j’apprécie particulièrement, « Faveurs de Printemps » à Hyères et avec le soutien de la ville pouvoir le faire perdurer.

Quelle a été l’évolution des musiques actuelles en vingt ans ?
On peut noter la prédominance des grands médias et des majors qui écrasent un peu la diversité. Les SMAC essaient d’y contribuer en variant les esthétiques et par la programmation d’auteurs-compositeurs-interprètes, qui ne sont pas fabriqués par l’industrie. Heureusement, en vingt ans on a vu se développer plus de lieux, de SMAC, de concerts, d’événements type festivals, mais il y a aussi moins de petits lieux indépendants et émergents. Avec les plateformes de streaming, les musiciens ne peuvent plus se rémunérer avec la vente de leurs musiques. Il ne reste que le live pour les payer, ce qui a fait augmenter fortement le prix des cachets. Avec la capacité d’autoproduction grâce aux outils informatiques, on a vu l’avènement des cultures urbaines et de l’électro, et donc des formations avec moins de musiciens sur scène.

Comment l’association Tandem a-t-elle évolué parallèlement ?
Au-delà de la partie diffusion et accompagnement, il y a eu un développement important de l’Action Culturelle en direction du public scolaire. C’est important pour que les jeunes puissent garder cette ouverture d’esprit à différents courants musicaux et à la façon dont la musique peut se créer et s’apprécier. Je pars serein en fin d’année avec une équipe motivée et compétente qui nous a bien accompagnés tout au long de ces années.