Spectacles vivants
Cyrille Elslander – Faire circuler les arts
>>Saison 24/25 du PÔLE, Arts en circulation
Pour cette nouvelle saison, le directeur adjoint du PÔLE et directeur de la bibliothèque de théâtre Armand Gatti nous présente un programme riche et diversifié, fidèle à la mission du PÔLE, avec des spectacles qui circulent à travers les âges, les disciplines et les territoires. Entre engagement, monstruosité et fête, la saison s’annonce haute en émotions, avec des créations transdisciplinaires qui interrogent le monde tout en rassemblant les publics.
Comment définirais-tu cette saison 24/25 ?
La saison se définit par notre mission première : « arts en circulation ». Cette notion de circulation a plusieurs dimensions. Il y a bien sûr la circulation géographique, avec des tournées décentralisées, notamment dans les établissements scolaires. On explore aussi plusieurs disciplines : théâtre, danse, magie nouvelle, cirque, et tout cela pour des publics de tous âges, des plus jeunes aux familles. Un autre axe est le soutien à la création. On accompagne les artistes à différents moments de leur parcours, que ce soit pour l’écriture, les répétitions, ou les sorties de résidence. Et enfin, il y a notre travail sur le territoire, avec des partenaires comme Châteauvallon ou le Rocher à La Garde. Nous continuons également le travail d’Éducation Artistique et Culturelle (EAC), avec toujours le Prix de la bibliothèque de théâtre Armand Gatti, qui se développe avec quatre-vingt-quatre classes inscrites en France et en Belgique, une sensibilisation des élèves aux arts de la rue par le Collectif du Prélude, le festival de théâtre amateur, et un auteur dans ma classe… Plusieurs thématiques fortes émergent cette année. L’une des plus marquantes est celle de l’engagement. De nombreux spectacles interrogent notre rapport à l’écologie, aux discriminations et aux questions de société. Par exemple, « Prof. Turing », un spectacle pour adolescents en tournée dans les établissement scolaires, retrace la vie d’Alan Turing, figure de la lutte contre l’homophobie et héros de la Seconde Guerre mondiale qui a décodé la machine Enigma. Nous accueillerons aussi Circus Baobab en résidence, avec leur nouvelle création « Yongoyéli », qui aborde la place des femmes et la question de l’excision dans les sociétés africaines. Dans un autre registre, le spectacle « Les filles ne sont pas des poupées de chiffon » s’adresse au jeune public et raconte l’histoire d’une fille contrainte de vivre sous l’apparence d’un garçon pour ne pas déshonorer sa famille. La monstruosité est une autre thématique centrale cette saison. Nous avons le cabaret « Le Premier Artifice », par la compagnie Cirque Queer, avec son univers Freaks, qui explore notre relation à l’étranger, sous une forme festive mais aussi critique. Un autre exemple marquant est « FIGURE.S », de la Cie Création Ephémère avec Théo Kermel, un comédien trisomique passionné de Shakespeare, qui interprétera ces monstres shakespeariens : Hamlet, Macbeth, Richard III et le Roi Lear. Enfin, un troisième axe fort est la fête, et c’est important dans le contexte actuel. On propose notamment une soirée cabaret avec « Le cabaret renversé », où les spectateurs partagent un verre de vin tout en assistant à des numéros de jonglerie poétique qui interrogent la relation amoureuse. La soirée se prolongera avec « En attendant le grand soir », un spectacle dansant et participatif, parfait pour terminer la soirée dans une ambiance festive. Dans cette lignée, nous accueillons également « Les Grands Fourneaux #2 » suite d’un spectacle qui fête ses quarante ans, où tout se passe autour d’un repas servi au public.
Quels sont les grands événements programmés cette année ?
Nous participons de nouveau à la Nuit du Cirque, avec « Le Premier Artifice » et un spectacle de magie nouvelle « Résidence Inconnue ». Un autre temps fort sera la Biennale Internationale des Arts du Cirque (BIAC), en collaboration avec Archaos et Châteauvallon. Nous accueillerons la compagnie Gandini Juggling, une référence dans le domaine du jonglage, qui recréera un spectacle de 1992 « NEither, Either, botH, and » et présentera leur nouvelle création « Heka », qui mêle magie et jonglage.
Peux-tu nous présenter un spectacle phare dans chaque discipline ?
Nous ouvrirons la saison avec un spectacle de danse, une création de Michel Kelemenis, un incontournable de la scène danse et jeune public, qui revisite le conte. Pour le cirque, nous accueillerons une création internationale, venue d’outre-mer, « Radio Maniok » de la compagnie réunionnaise Cirquons Flex, qui explore une période sombre de l’histoire de la Réunion. Côté jeune public, « Okilélé » raconte l’histoire d’un enfant différent qui rencontre un personnage imaginaire, dans un joli conte mêlant marionnettes et illusion. En magie nouvelle, Kurt Demey nous proposera un spectacle où il défie le hasard à la manière des mentalistes. Enfin, en théâtre, « Courgette », nommé aux Molières 2024 dans plusieurs catégories, est une adaptation du célèbre roman jeunesse, « Autobiographie d’une courgette ».
Fabrice Lo Piccolo
