Cyrille Elslander – Un festival pluridisciplinaire, immersif et engagé.

Regards sur Rue revient cette année dans les rues de La Seyne pour trois jours de fête. Cyrille, spécialiste des arts de la rue et directeur de la bibliothèque de théâtre Armand Gatti, nous détaille la programmation qu’il nous a concoctée, mêlant une fois de plus, théâtre, cirque, danse et arts plastiques pour embellir les rues de la ville.

Cyrille, peux-tu dresser un bilan de l’édition de l’année dernière du festival ?
L’éídition précédente a été un succès public avec la participation de onze mille personnes sur trois jours. Nous avons reçu un ressenti très positif tant de la part des habitants de La Seyne que des commerçants locaux. Les retours des artistes ont également été très encourageants, tous considérant que la ville était parfaite pour accueillir un tel événement. L’un des points les plus intéressants était la grande mixité du public en termes d’âge et d’origine géographique. La ville nous a d’ailleurs invités à renouveler l’expérience à La Seyne, deuxième plus grande ville du Var et où nous dirigeons déjà toute l’année la bibliothèque de théâtre Armand Gatti. Nous conservons ainsi le même périmètre, le cœur de ville et le Parc de la Navale, pour proposer une programmation dense et variée.

Justement, peux-tu nous détailler la programmation de cette année ?
Nous aurons quinze compagnies au total, avec trente-et-une représentations et la participation de cent-cinq artistes. Parmi les temps forts, nous proposons le spectacle de sortie de résidence de la compagnie « Xanadou », en avant-première, qui a travaillé à la bibliothèque Armand Gatti et aux Chapiteaux de la Mer et qui est présenté dans le cadre de ce que nous appellons les premiers regards. Elle propose un spectacle de théâtre de rue loufoque intitulé « Road movie, sur place et sans caméra ». Nous aurons aussi des ateliers ouverts au public et un parcours autour d’œuvres plastiques. Cyrille Atlan de la Compagnie Holons créera un parcours d’affiches associé à une fiction radiophonique à écouter sur téléphone. Le volet danse sera également très présent avec la participation de Frank Micheletti. Chaque journée se conclura sur la Place Martel Esprit avec des événements musicaux : le vendredi une belle fanfare latino-américaine avec treize musiciens et le samedi « Satellite of Dance » du même Frank Micheletti qui mixera des rythmes afro pour le public, un collectif de quatre danseurs professionnels et les amateurs qui auront participé à l’atelier de danse qu’il propose.

Cette année semble marquée par une forte présence du théâtre de rue. Peux-tu nous en dire plus ?
C’est en adéquation avec notre démarche visant à promouvoir cette discipline à la bibliothèque de théâtre. Mais nous constatons aussi un retour significatif du théâtre de rue dans les grands festivals, ce qui est très réjouissant. Parmi les propositions, le collectif Le Grand Colossal Théâtre, renommé dans le monde des arts de la rue, se démarque avec sa pièce « Pour un fascisme ludique et sans complexe », avec beaucoup d’humour et un portrait de la société très juste. Ils seront en résidence au Pôle en décembre. Également un spectacle que j’aime beaucoup, « Zaï zaï zaï zaï » du Collectif Jamais trop d’art, une adaptation du roman graphique à succès de Fabcaro, un véritable thriller : le personnage, au supermarché, a oublié sa carte de fidélité et va être traqué par la police ! Nous proposons toujours un spectacle un peu sensible, cette année ce sera « Jean-Pierre, Lui, Moi » de la compagnie Pocket Théâtre, qui aborde la question du handicap. Entre danse et théâtre, Patrice Benedetti jouera un solo autour de son vécu dans les quartiers Nord de Marseille sur l’imaginaire des jeunes gens autour du foot, comment celui-ci est devenu à la fois un moyen d’expression et une des seules portes de sortie dans les quartiers. Spectacle inclassable, la Cie Tout en Vrac jouera « Burning Scarlett », une adaptation critique d’ »Autant en Emporte le Vent » qui mêle théâtre, artifices, cascades… Bien entendu nous aurons aussi plusieurs propositions de cirque, dont une grande forme, « Bruits de coulisses » de la Cie Les P’tits Bras, de l’aérien dans l’espace public sur une superbe structure. La compagnie Ino Kollectiv nous propose quant à elle du porté acrobatique, réalisé par sept filles, dans un spectacle militant. Nous pourrons aussi découvrir un très beau duo de vélo acrobatique dans le spectacle « Mentir lo mínimo » de la Cie Alta Gama

Vous prévoyez également une collaboration avec les habitants. De quoi s’agit-il ?
Effectivement, nous avons initié une nouvelle dimension participative cette année en travaillant avec la population pour transformer les rues. Cette collaboration entre la ville, les associations de quartier et les habitants vise à associer la population à l’arrivée du festival. Nous avons organisé six résidences d’artistes tout au long de l’été. Les œuvres seront utilisées pour transformer les rues. Cette initiative permet à la population de devenir partie prenante du festival. Cette approche participative est importante pour nous, car elle renforce le lien entre le festival et les seynois. Cette initiative est réalisée dans le cadre du dispositif « Eté culturel » de la DRAC, avec le soutien de la ville, et j’ai confié la direction artistique du projet à Benoit Bottex. Nous avons également mis en place une démarche artistique et éco-responsable cette année en proposant notamment des ateliers animés par Frissons et Hannetons pour personnaliser de vieux t-shirts aux couleurs du festival par le biais de la sérigraphie. Bon festival à tous !
Retrouvez notre interview vidéo de Cyrille sur www.citedesarts.tv
Fabrice Lo Piccolo

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