David Bordage – Se télétransporter

ARTS GRAPHIQUES
Disponible à la Galerie Lisa,
dans la Rue des Arts, Toulon

Artiste toulonnais représenté par la Galerie Lisa dans la Rue des arts, David Bordage est de ces adultes qui ont gardé leur âme d’enfant et pour qui l’art est un moyen de se télétransporter vers l’ailleurs, vers l’autre et vers soi-même.

Qu’est ce qui t’a donné envie de créer ?

J’ai commencé à dessiner dès mon plus jeune âge, puis je me suis malheureusement arrêté quand j’ai commencé à travailler et c’est bien plus tard que je m’y suis remis. Il y a à peine dix ans, on m’a demandé de décorer la chambre d’une adolescente avec un univers manga et c’est là que j’ai retrouvé le plaisir de dessiner. J’aime beaucoup la culture nippone… En réalité, je suis passionné par toutes les cultures du monde ! Mon père était marin, alors j’ai beaucoup déménagé quand j’étais petit. Puis j’ai continué à voyager. Cela compte beaucoup pour moi et marque mon travail. J’ai toujours été très attaché à l’idée de ramener des souvenirs de mes voyages. C’est pour ça que j’ai commencé à dessiner sur des billets de banque. Ça me permet de parler des cultures des pays que je connais, mais aussi de découvrir celles de pays que je ne connais pas encore, car certaines personnes m’ont déjà fait des commandes au retour de leurs voyages. Évidemment, il y a une grande part d’imagination dans cet exercice, mais je me renseigne beaucoup sur ce que je vais représenter d’un pays. Mon art s’imprègne de tout un tas de civilisations différentes et d’identités fantasmées. J’espère que ça nous permet de sortir un peu de notre quotidien, surtout maintenant que nous ne pouvons plus faire de tourisme et nous déplacer comme nous le voudrions. Si nous ne pouvons plus voyager, il faut qu’on puisse s’évader !

Quelles sont les œuvres qui t’inspirent ?

J’adore le pop art parce que c’est plus qu’un mouvement : c’est une démarche intemporelle. Il s’agit de prendre du recul sur les tendances de notre société contemporaine, sur ce qui plait au plus grand nombre, sur l’effet de masse, ces symboles auxquels nous avons envie de nous identifier de façon groupée. Ça peut être une idole, un stéréotype, une marque. Quand on parle de pop art, on pense tout de suite à la critique de la consommation, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus. Ce sont plutôt tous ces codes qui permettent de poser des questions à grande échelle, celle d’un pays ou de l’humanité, de poser un regard public sur certains sujets et de fédérer. Je n’ai pas la prétention de faire du pop art, mais je me reconnais dans cette démarche et je suis très admiratif d’artistes comme Roy Lichtenstein ou Keith Haring.

Dans tes œuvres, on ressent fortement l’influence des années 80, est-ce que c’est une période qui te parle particulièrement ?

Oui, c’est toute mon enfance ! D’ailleurs, tous ceux qui ont grandi à cette époque peuvent s’identifier à mon univers. On retrouve tous les personnages qui nous ont émerveillés, les héros des mangas du Club Dorothée, des comics, des dessins animés et des bandes-dessinées. Pour moi, c’est une époque d’insouciance, une bulle dans laquelle nous étions préservés des problèmes du monde actuel. Je partage cette nostalgie avec toute ma génération, mais je pense que chaque génération a besoin de se replonger dans son plus jeune âge pour garder sa petite flamme intérieure allumée. Il faut maintenir ce plaisir simple et naïf de gamin pour se rendre compte de tout ce qu’on a en commun avec ceux qui ont vécu cette émotion collective, quelle que soit leur histoire. Peu importe notre catégorie sociale, nous avons tous les mêmes rêves ! Maureen Gontier

Mars 2021