
Donia Berriri – Récits d’exil et paysages intérieurs.
Septembre Ardent au Festival Metek au Telegraphe à Toulon, le 28 juin.
Le quartet Septembre Ardent, formé par Nosfell, Donia Berriri, Jean-Brice Godet et Valentin Mussou, présentera son opéra-concert au festival Metek au Telegraphe à Toulon. Entre musique expérimentale, récit intime et visions post-apocalyptiques, ce projet singulier trace un sillon artistique profondément ancré dans l’actualité et les mémoires intimes.
Comment est née la collaboration entre vous quatre, et pourquoi cette ambiance de science-fiction ?
Le terme de science-fiction est venu d’un journaliste, mais ce n’est pas tout à fait ça. Il y a bien une ambiance post-apocalyptique, née d’images très concrètes : avec Jean-Brice, nous avons voyagé en Tunisie après la Révolution. Des hôtels abandonnés, des plages dévorées par l’érosion, du plastique partout… C’était comme un décor de fin du monde. On a eu l’impression de se retrouver au lendemain d’une fête abandonnée. Ces images ont nourri notre imaginaire et inspiré le récit.
Nous avions aussi des histoires croisées : j’ai travaillé avec Nosfell il y a dix ans, Jean-Brice et Valentin jouent ensemble depuis plus de vingt ans, et certains d’entre nous ont mené des projets jeune public. Nos chemins se sont naturellement rejoints autour de thématiques communes comme l’exil, la mémoire, la double culture. L’envie de créer quelque chose ensemble s’est imposée comme une évidence. Ce projet est aussi né d’une vraie complicité artistique, construite sur le temps long.
Vous écrivez entre français et arabe. Comment articulez-vous cette écriture avec la musique ?
Il y a trois formes dans le spectacle. Un tiers est constitué de dialogues, proches du théâtre ou du récit. Un autre tiers est fait de chansons — c’est là que je me sens le plus chez moi, c’est ce que je fais depuis longtemps. Et enfin, le dernier tiers est instrumental. Cela s’est structuré assez spontanément, mais l’équilibre s’est révélé très juste. Il y a une dimension très visuelle, presque cinématographique, notamment dans les pièces pour clarinette et violoncelle. Le multilinguisme devient alors une matière sonore à part entière, au service de l’atmosphère et du sens. Il permet aussi d’ouvrir plusieurs niveaux d’écoute pour le public.
Qu’aimeriez-vous que le public toulonnais ressente pendant le concert ?
Avant tout, de l’émotion. Les retours que nous avons eus jusqu’ici parlent de sensibilité, de choses qui touchent en profondeur. Ce qu’on raconte dépasse l’histoire personnelle : il y a des rapports mère-fils, des secrets de famille, une quête de vérité. Même sans lien direct avec l’exil, beaucoup peuvent s’y reconnaître. Et puis, il y a cette toile de fond écologique, qui fait écho à l’état du monde. On espère ouvrir un espace de résonance intime autant que politique. Le spectacle invite chacun à projeter sa propre histoire, à se laisser traverser.
Comment découvrir Septembre Ardent avant le festival ?
Notre premier single, « Incendie », sortira très bientôt et sera disponible sur toutes les plateformes (Spotify, Deezer…). C’est une belle porte d’entrée dans notre univers. Il y a aussi quelques vidéos sur notre chaîne YouTube. Le site viendra un peu plus tard. Ce projet est encore jeune, mais il est déjà très vivant !
Grégory Rapuc