Dossier spécial : Tisot – Mathias Malzieu – L’homme qui écoutait battre le cœur des chats.

 “L’homme qui écoutait battre le cœur des chats”, le 29 novembre 2025 à l’Espace culturel Tisot à la Seyne sur Mer

 

Mathias Malzieu présente son nouveau spectacle « L’homme qui écoutait battre le cœur des chats ». Entre lecture, chansons et images projetées, l’artiste propose un voyage sensible et poétique, où les chats deviennent les narrateurs d’une histoire intime et universelle. Un moment hors du temps, à la croisée du concert et du théâtre, où l’on passera du rire aux larmes, avec une pointe de danse en prime…

 

Pourquoi avoir choisi le point de vue des chats ?
Au départ, j’avais écrit une première version de ce récit directement inspirée d’un drame intime, la fausse couche qui a failli coûter la vie à ma compagne. Mais ce texte ressemblait trop à une séance de psy retranscrite : il manquait de respiration.
En cherchant une autre approche, je me suis souvenu de la place essentielle de nos chats dans le quotidien. L’un d’eux a un jour grignoté un de mes livres. J’ai trouvé ce geste drôle et poétique : comme s’il “dévorait” les histoires. J’ai eu envie de leur donner la parole. En écrivant du point de vue des chats, j’ai découvert une légèreté qui n’est pas superficielle mais qui permet de traiter un sujet grave avec plus de profondeur. Derrière leurs voix se cachent mes propres contradictions : le côté rêveur et excessif d’un côté, plus pragmatique et maternant de l’autre. J’ai trouvé là l’instrument juste pour raconter.

 

Vous parlez d’une comédie musicale à emporter. Qu’entendez-vous par là ?
Ce spectacle n’est pas une simple lecture, c’est une véritable mise en scène du livre. On y trouve de la lecture, mais aussi du jeu théâtral, de la musique, des projections vidéo et des interactions. J’aime l’idée du livre pop-up : on ouvre une page et soudain un univers surgit. La dimension musicale s’est imposée naturellement. Dans une comédie musicale, le moment de la chanson suspend le temps, comme une résistance à l’inéluctable. C’est ce que je cherche : créer des bulles de grâce au milieu de l’épreuve. J’ai choisi d’interpréter des chansons existantes, issues de ma collection de vinyles, plutôt que d’écrire de nouveaux morceaux. Ces références dialoguent avec l’histoire et apportent un écho particulier.

 

Comment trouvez-vous l’équilibre entre rire, larmes et danse ?
Je ne peux pas promettre au public qu’il rira ou pleurera, mais mon intention est de travailler les contrastes. Comme en photo noir et blanc : plus les ombres et les lumières sont fortes, plus le relief est puissant. Le sujet est grave, mais j’y injecte de l’humour, de la poésie, des moments de légèreté. Trop de sérieux mène au pathos, trop d’humour fait perdre l’émotion. Le spectacle marche sur cette ligne de crête. Avec mon équipe, nous cherchons à chaque représentation ce juste équilibre. C’est fragile, mais passionnant.

 

Quelle place occupent vos chats dans votre vie personnelle ?
Elle est capitale. Les chats changent l’atmosphère d’une maison. Comme disait Cocteau : “ils en deviennent l’âme visible”. Leur simple présence apaise et console.
Mais ce ne sont pas des enfants de substitution : c’est une relation différente, d’une intensité unique. Leur mystère, leur indépendance, leur douceur m’inspirent et nourrissent mes histoires. Dans le spectacle, l’un rêve de devenir un petit garçon… mais n’y parvient pas. Ce renoncement à la métamorphose me semble plus beau et plus vrai.

 

Un mot sur votre venue à La Seyne-sur-Mer ?
J’aime l’idée de partager ce spectacle dans un lieu comme Tisot. Chaque public apporte une énergie différente. Ce projet est à la fois intime et collectif : je raconte une histoire très personnelle, mais je la transmets à travers la musique, le théâtre et l’imaginaire. J’ai hâte de la faire vivre avec le public de La Seyne.

 

Gregory Rapuc

En savoir plus