Dub Inc – Impliquer le public dans la musique.

Le 9 juin au Festival Couleurs Urbaines à La Seyne.

Dub Inc est un groupe majeur du reggae français, qui prend toute son ampleur sur scène. Alors qu’ils viennent de sortir leur huitième album, « Futur », nous aurons le plaisir d’aller jumper avec eux lors du festival Couleurs Urbaines à La Seyne. Nous avons rencontré Zigo, le batteur du groupe.

Comment avez-vous construit votre nouvel album ?
D’habitude, un album nait de deux ans de tournée, nous nous inspirons sur la route. Là avec deux ans et demi de Covid, de confinement, de travail chacun de notre côté, on a dû s’adapter. Il y a beaucoup d’introspection dans cet album même si ça reste du Dub Inc dans toute sa diversité, avec beaucoup de styles musicaux différents et toujours les thèmes sociaux de mixité, d’ouverture, de prise de conscience, que l’on explore depuis des années, tout en essayant d’ouvrir notre style d’écriture et d’évoluer dans notre musique.

Vous avez de nombreux invités sur cet album : Balik, Taïro, Alborosie, Democratoz, Kumar… Pourquoi ce choix et comment ça s’est passé ?
L’envie de feat nait en général sur la route, avec les rencontres. Mais étant tout le temps en tournée, on n’a pas le temps de se retrouver en studio. Et là, oui. Avec Alborosie, on a travaillé à distance en faisant du ping-pong (envoi de versions successives ndlr), avec beaucoup d’échanges. Kumar est un artiste que l’on aime depuis longtemps. Il était à Genève, donc pas très loin de Saint-Etienne où l’on vit, et il nous a rendu visite. Tout comme Democratoz avec qui Bouchkour, un de nos chanteurs, voulait travailler, qui est venu d’Allemagne. Balik (chanteur de Danakil ndlr) ou Taïro apparaissent comme une évidence. On les croise tout le temps sur la route. Là, Taïro est resté trois jours chez nous pour prendre le temps de bosser, de réécrire et dans le cas de Balik, tout le groupe est allé à Bordeaux passer du temps chez eux. Cela nous manquait, on voulait se voir, retrouver un peu cette ambiance de colonies de vacances que l’on a en tournée.

Vous enchainez les concerts, vous avez notamment passé trois semaines aux Etats-Unis, quelle est l’expérience Dub Inc sur scène ?
Aux Etats-Unis on est reparti de nos bases car ils ne nous connaissent pas. On a fait des premières parties dans des petits clubs comme il y a vingt ans en France et pourtant on a pris le même plaisir. Il fallait aller chercher les gens, les convaincre. On faisait la première partie de Mike Love, qui lui fait nos premières parties ici, et joue un reggae à l‘opposé du nôtre, très cool, alors que nous, sur scène, il faut qu’on fasse transpirer les gens. Nous prévoyons beaucoup d’arrangements pour pouvoir interagir, faire sauter, faire chanter. Nous avons besoin que le public soit impliqué dans la musique. On se met à sa place quand on prépare une tournée. Quand je vais voir Alpha Blondy alors que ça fait trente ans que j’écoute « Jérusalem », je veux entendre la chanson sur scène, mais pas tout à fait comme d’habitude. Il y a vingt ans qu’on est les mêmes potes et on continue à s’amuser toujours autant. On ne se lasse pas de jouer « Rude Boy », on la réinterprète, et c’est un kiff de voir les gens chanter.

Vous soutenez des associations comme Sos Méditerranée ou du soutien scolaire en Afrique, avec notamment une page sur votre site pour les mettre en avant, en quoi est-ce important pour vous ?
On ne peut pas chanter ce que l’on chante sur le partage si ce n’est pas le cas ! On essaie aussi que nos places ou nos t-shirts soient les moins chers et de repartager les bénéfices le plus possible. On ne veut pas passer pour des gens qui se servent de leur engagement, mais ces associations ont besoin de visibilité, alors on leur en donne.

Vous avez sorti un documentaire « Jamais seuls », sur la période du confinement, c’était important pour vous d’en témoigner ?

On a voulu montrer l’envers du décor. On n’a pas tourné pendant deux ans, et on n’a pas communiqué sur les réseaux non plus, car on ne voulait pas parler pour ne rien dire. On a souvent cherché à retourner sur scène mais on ne voulait pas faire des concerts qui ne nous ressemblaient pas. On craignait d’être oubliés, mais on s’est rendu compte dès les premiers concerts que ce n’était pas le cas. C’est rassurant sur notre époque : les réseaux c’est important, mais on peut vivre sans. Aujourd’hui, ce n’est pas facile d’être un jeune groupe et de se faire connaitre. On ne fait confiance qu’aux algorithmes, les programmateurs regardent le nombre de vues, les followers… A nos débuts tu pouvais jouer dans les bars et il y en avait beaucoup à Saint-Etienne. Aujourd’hui, il n’y a plus que les festivals et les SMAC. D’où l’importance des premières parties, pour nous c’est indispensable d’en avoir une.

 

5 questions à… Zigo

Ton morceau de reggae préféré ?
Three little birds de Bob Marley.

Ton artiste de reggae préféré ?
Actuellement Koffee.

Qui t’a donné envie de te mettre à la batterie ?
Lars Ulrich, batteur de Metallica, c’est toujours mon idole, dans chaque album je reprends un de ses breaks.

Votre morceau qui pète le plus sur scène ?
En France « Tout ce qu’ils veulent » et « Sounds Good ».

Ton morceau préféré de Dub Inc ?
Exil.

Fabrice Lo Piccolo

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