Edeline Blangero – Et si Molière, c’était vous ?
>> « Molière malgré lui », le 21 janvier au Théâtre du Rocher à La Garde et le 24 janvier au Théâtre Jules Verne à Bandol
Ce spectacle propose au public et aux acteurs un défi hors-du-commun. Le public choisit les thèmes de sa comédie de Molière idéale, et les acteurs, selon ses indications, vont improviser et créer devant ses yeux une pièce de Molière… qui n’a jamais existé. Rencontre avec la metteuse en scène.
Pourriez-vous nous parler de votre parcours et nous expliquer ce qui vous passionne dans le théâtre d’improvisation ?
Mon parcours débute à l’âge de dix ans, au sein d’une compagnie semi-professionnelle où j’ai découvert le théâtre de manière intensive : cours, répétitions, et tournées dès l’enfance. Malgré une formation scolaire classique, j’ai toujours poursuivi le théâtre parallèlement, jusqu’à pouvoir m’y consacrer pleinement après ma maîtrise en ressources humaines. L’improvisation théâtrale m’a attirée par sa spontanéité et la richesse des rôles : on y est comédienne, mais aussi interprète, autrice, et metteuse en scène. Ce style permet de créer en direct une expérience unique, façonnée par les réactions du public, et renouvelée chaque soir. J’aime particulièrement l’idée de revisiter des auteurs classiques comme Molière, en mêlant respect des codes à une écriture spontanée qui rend chaque représentation inédite.
Comment se déroule la création et la mise en scène d’une pièce de théâtre d’improvisation, notamment celle de Molière ?
Créer un spectacle d’improvisation repose sur une préparation rigoureuse, comparable à celle d’une pièce classique. Avec mon équipe, nous avons travaillé sur les œuvres de Molière pour en comprendre les mécaniques : ses thématiques, ses structures, et ses types de personnages. Nous avons également étudié la langue de Molière, en disséquant son vocabulaire et en développant des exercices pour maîtriser son style. Cette phase d’entraînement intensif permet aux comédiens de réagir spontanément sur scène tout en restant fidèles à l’esprit de l’auteur.
Une métaphore pour mieux comprendre ?
L’improvisation théâtrale peut être comparée à un match de football : les comédiens, comme les joueurs, s’entraînent à maîtriser des techniques et des fondamentaux. Le jour de la représentation, ils improvisent en fonction des imprévus et des interactions avec le public. Leur préparation en amont leur permet de s’adapter tout en maintenant la cohérence et l’essence du spectacle. En résumé, improviser, c’est maîtriser les codes pour mieux les transcender.
Avez-vous rencontré des défis en mêlant improvisation et hommage à Molière ?
Le principal défi réside dans l’équilibre : offrir au public l’impression d’assister à une vraie pièce de Molière tout en abordant des problématiques actuelles, mais sans anachronismes matériels. Dans notre spectacle, nous ne parlons pas directement de réseaux sociaux ou de téléphones, mais nous adaptons ces thématiques contemporaines au XVIIe siècle. Ce travail demande constamment de trouver le bon angle pour traiter chaque sujet, en restant fidèle à l’esprit de Molière, tout en faisant écho aux préoccupations modernes.
Quels messages souhaitez-vous transmettre à travers ce « Molière malgré lui » ?
L’objectif principal est de rétablir le dialogue dans une société souvent divisée, en utilisant l’humour pour dédramatiser les com- portements extrêmes et encourager la réflexion sans jugement. Le spectacle explore une diversité de points de vue, abordant des thèmes comme la vanité ou la peur de l’autre, et présente des arguments opposés pour nourrir la réflexion. Il cherche aussi à offrir un moment de plaisir partagé, où le public rit et réfléchit.
Emma Godest
Retrouvez l’extrait du spectacle
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