Elena Bosco – Un moment d’émerveillement et d’illusion

Festival Les Tréteaux, le 7 juillet à Ollioules

Le spectacle « Dé-livre-moi », joué en ouverture du festival Les Tréteaux, indique un passage éclairé vers le point d’équilibre entre le monde intérieur et le monde extérieur, l’imaginaire et le réel et où il semble que la lecture dé-livre de la solitude et de l’enfermement.

 

Pouvez-vous présenter votre compagnie et son travail ?
La compagnie la Robe à l’envers a été fondée en 2009 et est actuellement basée à Ramatuelle. C’est une compagnie qui mêle théâtre d’acteur et manipulation d’objets et de marionnettes, pour créer des spectacles jeunes publics, mais également pour adultes. Depuis quelques années la musique a pris beaucoup d’importance dans nos représentations et nous utilisons les sons comme un langage supplémentaire. Je suis la responsable artistique de la compagnie, j’ai une formation initiale de danseuse, mais suis également diplômée de l’Ecole internationale de théâtre Jacques Lecoq de Paris, où le corps est essentiel, et comprend l’usage des masques ou du personnage du clown, et j’affectionne depuis toujours les formes d’expression où la parole est portée par des images et un travail physique.

Comment se déroule le spectacle Dé-livre-moi ?
Dé-livre-moi existe sous deux formes. Une “petite forme“, qui peut tourner Hors les murs et a beaucoup été présentée dans les médiathèques puis, une autre pour les représentations en salles. C’est une des caractéristiques de la compagnie que de pouvoir honorer simultanément deux réseaux de diffusion. Quand nous nous produisons dans les endroits où il n’y a pas de théâtre équipé, nous possédons un matériel très performant (grâce à des subventions du département), qui recrée un petit théâtre avec une boite noire, un pont de lumière et des gradins, protège la qualité artistique et visuelle du spectacle en permet d’aller à la rencontre de publics ne bénéficiant pas d’un théâtre à proximité. À Ollioules nous jouerons la “petite forme“ pour laquelle nous sommes deux sur scène : une comédienne et un musicien.

Comment est née l’idée de ce spectacle ?
L’idée de Dé-livre-moi a germé pendant le premier confinement, à partir d’une réflexion sur la solitude et l’enfermement, en cherchant à savoir jusqu’où cela nous est profitable et nécessaire pour notre équilibre et appréhender le moment où cela devient oppressant, étouffant et toxique. L’histoire s’appuie sur deux personnages. Un garçon habitant aux États-Unis en 1935, et une fille qui réside dans un pays imaginaire en 2035. Le garçon vit à l’air libre mais est enfermé en lui même, il ne sait ni lire, ni s’exprimer et est incapable de communiquer. Puis, il y a la jeune fille, qui grandit dans un futur où règne le virtuel, rempli d’injonctions multiples et omniprésentes et qui se réfugie dans la lecture. Donc, ce sont les histoires parallèles et opposées de deux personnages qui petit à petit, marchent l’un vers l’autre.

Faut-il toujours redire l’importance des livres ?
Nous affectionnons la narration et ce qu’elle implique de fondateur pour l’identité de l’individu et d’une communauté. Aujourd’hui, notre monde nous guide vers des représentations morcelées, changeantes et cela n’aide pas à construire une narration, une unité, une identité. Nous défendons donc l’idée de lecture comme un processus lent, une activité solitaire qui demande de se projeter dans une durée, mais sans pour autant condamner les autres formes de communication. Le spectacle est lui même fondé sur un côté à la fois artisanal et très technologique, un des objectifs principaux étant de partager avec les spectateurs l’illusion théâtrale et l’émerveillement.

Weena Truscelli

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