Elisabeth Serre – La galerie des coups de foudre.

ARTS PLASTIQUES

Exposition Sophie L
Galerie Elisabeth Serre – Hyères
Jusqu’au 30 août

Après avoir bossé pour Agnès B. et pour le théâtre de la Criée, Elisabeth Serre a créé sa propre galerie il y a trois ans. Cet été, elle nous fait découvrir l’artiste Sophie L, son nouveau coup de foudre !

Votre parcours est marqué par de nombreuses disciplines : la danse, le théâtre, les arts plastiques, la décoration, l’artisanat. Que trouvez-vous dans la diversité de ces pratiques ?
Deux mots me viennent à l’esprit : passion et curiosité. C’est ce qui a guidé ma vie professionnelle, dans toutes ces expériences. Je pratique le Qi Gong : c’est un travail sur les énergies et une vraie philosophie pour moi, que je déploie dans ma galerie. C’est un lieu de vie, de travail, de rencontres, avec tout un tas d’énergies. J’y propose des mises en scène avec de beaux objets et des œuvres. Mon travail de décoration influence mon travail de galeriste et inversement. Ce qui compte c’est que le temps y est suspendu. J’ai envie que les gens puissent vraiment s’y arrêter.

Votre lieu est à la fois une galerie et un concept store. Comment combinez-vous les deux ?
La galerie s’inscrit dans le Parcours des arts à Hyères . c’est une expérience commune, on se sollicite les uns les autres, les voisins, le quartier. Ce n’est pas qu’un commerce. Bien sûr, j’en vis, j’y ai mon atelier et j’y expose mes propres créations. Mais je parle de public et pas de clients. On hésite parfois à rentrer dans une galerie, mais je ne veux pas que ce soit sacralisé, ici, ce n’est pas un lieu guindé. J’y raconte les histoires et le parcours des artistes. Je veux faire comprendre qu’une toile, c’est accessible et qu’on peut vivre avec. La décoration c’est le lien pour s’approprier une œuvre, l’acquérir. Vous représentez huit artistes dans votre galerie.

Comment les avez-vous choisis et comment fonctionnez-vous avec eux ?
Le nombre n’est pas figé, ça bouge selon mes coups de cœur, mais il y a un noyau dur. Je garde certaines de leurs œuvres exposées en permanence, je leur réserve des expos individuelles ou collectives. Vous savez, les coups de cœur sont rares. Je vois tellement de choses… Je participe à tout un tas d’expos et de foires internationales. Et c’est comme dans la vie, ce n’est pas si fréquent. Il y a tout d’un coup une grande émotion, un travail qui nous touche, des éléments qui se réunissent. Parfois on me propose des artistes pour des raisons commerciales, mais je ne peux pas le faire sans coup de cœur. Il n’y a pas forcément de liens esthétiques entre eux. C’est l’aspect humain qui prédomine toujours.

Comment avez-vous découvert les œuvres de Sophie L ?
J’ai toujours un œil partout et un jour, je suis tombée par hasard sur un de ses dessins dans une agence immobilière qui s’appelle « Terrasse en ville », et je l’ai appelée pour la rencontrer ! Je ne m’étais pas trompée, c’était un vrai coup de foudre. Elle m’a embarquée dans son univers : c’est une autre Provence, revisitée avec un regard presque scandinave, une palette de couleurs qui reprend les nuanciers des années 30. Elle est à la fois architecte, illustratrice et graphiste et on retrouve tout ça dans ses peintures. C’est un grand succès en termes d’accueil du public. Je suis fière de lui avoir proposé sa première expo. J’aime repérer des artistes avant qu’ils soient confirmés. Comme pour Yann Masseyef, qui bosse maintenant avec Starck. Je l’avais repéré il y a des années avant qu’il ait une carrière internationale. Ce sont des histoires d’amitié, de confiance et j’ai la chance de rester un point d’ancrage. Après, on ne se quitte plus.

Maureen Gontier

Juillet 2021