ELISABETH SERRE – Sophie L, du sud dans les veines
Dans sa galerie, Elisabeth Serre est fidèle aux artistes qu’elle représente. Cet été, elle nous propose une exposition à l’accent chantant au cœur du travail de Sophie L.
Pourquoi avoir décidé de mettre un coup de projecteur sur Sophie L en cette saison ?
C’est une artiste qui embarque. Son travail est une invitation à la rêverie et c’est ce que je veux partager dans mes activités en général : qu’on soit dépaysé par le rêve ! Elle revisite tous les paysages de la Provence : un retour de plage, un champ de lavande… C’est pour cela qu’on a décidé d’appeler l’exposition Grandes Vacances. Toute sa pratique est inspirée du sud. Le sud coule dans ses veines, ça se voit à travers ses pinceaux. Quand je vois sa peinture, j’entends les cigales !
Comment décrirais-tu son style ?
Elle traite ses sujets avec un style très marqué, donnant à chaque fois une réinterprétation des points de vue, une réappropriation des paysages. J’ai suivi sa pratique et sa peinture s’affirme, elle s’allège et va de plus en plus à l’essentiel. Il y avait beaucoup plus de détails au départ, elle s’est débarrassée du superflu et ça gagne vraiment en intensité. L’influence de l’illustration dans sa peinture est ce qui donne une fraîcheur incroyable à son travail, une modernité intemporelle. Les aplats sont très techniques, ils pourraient être perçus comme des superpositions de découpages de papier. Cette artiste a un œil d’architecte, de graphiste et de coloriste.
Quelle influence l’architecture a-t-elle sur son travail ?
Elle choisit toujours des lignes de perspective étonnantes. Les motifs pourraient nous faire penser aux architectures de Ricciotti, aux ombres portées des pins parasols qu’on peut retrouver parfois sur des plans de bâtiment ou des maquettes. Ils peuvent aussi nous évoquer la pratique actuelle du papier-peint en décoration et c’est d’ailleurs un projet que nous avons. Sa peinture est complètement adaptée à investir tout un pan de mur. Même si ce format désacralise l’œuvre sur toile, ça peut avoir un aspect plus immersif. Ce n’est pas péjoratif qu’un artiste fasse aussi de la décoration et travaille sur notre rapport aux maisons que nous habitons. Sa palette de couleurs s’inspire des carreaux de ciment des bastides en Provence dans les années 30. C’est une empreinte méditerranéenne qui donne un supplément d’âme à sa peinture. L’exposition de l’année dernière était beaucoup plus pastelle et celle de cette année est plus vive, mais on garde cette palette de jaunes safran, ces verts-de gris, ces bleus pétrole, propres à ces différents carreaux.
Peut-on parler de ton travail pour elle comme agent d’artiste ?
Oui ! Quand un artiste confie son œuvre à un agent, il lui confie une partie de sa vie. Je mets tout mon cœur à défendre son talent, à la promouvoir, la protéger et la faire rayonner car je crois en elle. C’est une artiste qui est en pleine ascension et qui vend beaucoup, dont la côte est en train de décoller. Si on se met à la place d’un collectionneur, c’est le moment de se positionner, car on reste encore accessible. Ici, on a des personnes très différentes qui viennent de partout dans le monde et qui ont décidé de rester pour l’art de vivre et les paysages. Ils se retrouvent forcément dans le travail de Sophie L. C’est sincère et entier. Leur coup de cœur est le même que quand ils se sont installés dans le sud. Pour avoir installé certaines de ses œuvres dans de belles maisons ici, je peux dire qu’il y a une osmose avec le lieu… Elles sont à leur place ! Mais ça peut être une étape que de rayonner vers d’autres publics que ceux du sud.
Maureen Gontier