Eloïse Mercier – Ces liens qui nous retiennent
>> Les Meutes du 19 au 25 janvier à Châteauvallon à Ollioules
Après « Une goutte d’eau dans un nuage », la Compagnie Microscopique poursuit son travail d’écriture sonore et nous emmène dans l’obscurité des bois pour un conte inquiétant qui brouille les pistes entre proies et prédateurs.
Que représentent ces meutes ?
Elles symbolisent tous les liens qui nous retiennent, qui nous portent ou nous empêchent : les liens familiaux, le groupe dans lequel on grandit, les groupes que nous croisons au cours de notre existence, les injonctions, les appartenances, les codes que nous choisissons d’adopter ou de refuser. Les meutes représentent la complexité des relations humaines, ces groupes que l’on décide d’intégrer ou de quitter.
Qu’est-ce qui t’attire particulièrement dans l’univers des contes ?
La pièce débute comme un conte, mais un peu inquiétant, avec un « il était une fois ». La frontière est floue entre un univers fantastique et un quotidien très concret. Je mets en scène des hommes, des femmes, qui sont peut-être aussi des animaux. On se demande « est-ce une fable ou la réalité » ?
Vous êtes deux sur scène, alors que jusqu’à présent, tu n’avais réalisé que des seules en scène, c’est une autre dynamique ?
Effectivement, Gautier Boxebeld incarne le personnage de Lui et je joue le rôle de Lou. L’histoire parle du couple et explore la construction d’un foyer. Lou est le personnage principal. Elle se questionne sur ce qu’elle veut garder ou laisser derrière elle. Il s’agit d’une exploration de la transmission, et de la façon dont cela influence nos choix pour l’avenir. Une phrase dans le spectacle est importante : « Car parfois il arrive que l’on construise sa vie sur un malentendu ». Cela rejoint la recherche globale de la Compagnie Microscopique : comment un choix qui semble anodin, un détail, peut influer le cours d’une vie.
L’univers de la forêt joue un rôle important dans ton spectacle…
Nous avons créé une forêt sur scène avec des arbres de 4m de haut, légers et transportables. Nous voulions que cette forêt devienne un personnage à part entière du spectacle, évoquant le mystère tout en étant inquiétante. Elle représente un lieu où l’on peut se perdre et se trouver à la fois.
Comment avez-vous travaillé sur les aspects visuels, sonores et lumineux du spectacle ?
Le spectacle comporte trois épisodes, chacun avec un univers distinct. Nous faisons passer le spectateur du récit à l’action, avec un travail vidéo important, notamment dans le troisième épisode où la vidéo joue un rôle majeur. C’est un conte qui tourne au film d’horreur inquiétant. La création sonore est aussi un point central, texte et sons se répondent, c’est l’une des signatures de la compagnie. Vincent Bérenger a réalisé la création sonore et Charlie Maurin s’occupe du mixage et des arrangements. Et Vincent et moi réalisons la création vidéo.
C’est une co-production Châteauvallon-Liberté scène nationale. Comment s’est déroulée cette collaboration ?
Nous avons eu plusieurs résidences là-bas et un soutien financier pour la création. Nous allons également travailler avec les élèves de l’option théâtre du lycée Dumont D’Urville qui participeront à une séquence vidéo du spectacle. Nous nous inscrivons aussi dans le Théma Couple(s) du théâtre : ils m’ont donné une carte blanche où j’ai choisi le film « Les Noces Rebelles » et j’échangerai avec le public autour du film et des thématiques abordées dans notre spectacle.
Fabrice Lo Piccolo