Ensemble Télémaque – Raoul Lay : la croisée des musiques écrites.

Le directeur artistique, chef d’orchestre et compositeur Raoul Lay nous donne quelques clefs sur la protéiformité de son ensemble de musique contemporaine né en 1994 à Marseille, Télémaque.

Comment définiriez-vous votre ensemble ?
Nous sommes un ensemble de musique contemporaine, ce qui englobe la musique de 1950 jusqu’à aujourd’hui. Elle prend sa source dans la musique viennoise, souvent de Schönberg, dite atonale et développe des territoires de liberté, jusqu’aux Centres nationaux de création musicale en France, avec de nombreux compositeurs qui sont dans la continuation de la musique classique. La grande différence avec les autres musiques d’aujourd’hui, c’est qu’elle est écrite avec des notes sur du papier, alors que la plupart des musiques actuelles sont réalisées dans l’instant ou au studio. En dehors de Télémaque, mon métier est de diriger des orchestres symphoniques un peu partout dans le monde dans des répertoires classiques, du Mozart, du Debussy, etc. Les musiciens qui jouent de la musique classique et ceux qui jouent de la musique contemporaine sont les mêmes.

Quels sont les principaux spectacles que vous proposez en ce moment ?
Le spectacle que nous allons présenter lors de la Halle des Musiciens est un format concert. Je suis membre de la FEVIS et il a été proposé de réunir tous les ensembles lors d’un temps fort sur des créneaux d’une demi-heure, mais habituellement nous travaillons sur des formats croisés et théâtraux. Nous allons jouer, au Conservatoire, trente minutes d’une pièce qui s’appelle « Les Rameaux d’Olivier » sur les continuateurs d’un des pères fondateurs de la musique contemporaine française de la Seconde Guerre Mondiale, Olivier Messiaen, dont un morceau de Pierre Boulez et un autre de Tristan Murail, deux compositeurs français connus. Une version beaucoup plus longue de cette création sera jouée à l’abbaye Saint-Victor à Marseille. C’est un moment proche d’un showcase pour nous ! Il y aura six musiciens, de la flûte, de la clarinette, du violon, du violoncelle, du piano, des percussions et moi en chef d’orchestre.

Quels sont les projets de l’ensemble ?
La danse, le théâtre, le cirque m’ont toujours intéressé, d’où mon travail avec le Cirque Plume et Olivier Py. J’ai été un des premiers à croiser la musique contemporaine avec le spectacle vivant et je me permets aussi de passer par la musique classique et actuelle de genres différents. Dans le théâtre que je dirige à l’Estaque, le Pic, j’accueille d’autres compagnies en résidence. Ces trois dernières années, avec October lab, j’ai été invité un peu partout dans le monde pour faire des créations avec d’autres, des compositeurs et surtout des compositrices. Les esthétiques commerciales dominent et en comparaison du rap ou de la techno, mon esthétique est quasiment invisible. Peut-être que la musique contemporaine des années 50 aux années 2000 voulait s’isoler du monde. Moi, je ne suis pas d’accord avec ça, je préfère quand le public est là ! Il faut s’enlever l’idée qu’on va rater le message. On travaille plus sur les sensations, la synesthésie, le côté proche des matières, de la phénoménologie. Beaucoup d’esthétiques vont être représentées. C’est l’occasion de voguer dans un océan de liberté sonore. On n’a pas l’habitude de ça avec la musique industrielle. La musique contemporaine a un côté écolo pour les oreilles.

Programme : 

« La grandeur d’un compositeur réside dans son œuvre, mais aussi dans son enseignement. La particularité d’Olivier Messiaen se révèle doublement notable : compositeur prolifique, inspiré, il conduit l’impressionnisme français à la modernité par son langage harmonique et à l’universalité par l’assimilation de modes orientaux ; pédagogue, de Boulez à Murail, il autorise les générations qui le suivent à puiser dans son monde sonore et à s’en libérer d’un même geste. » Raoul Lay.

Distribution : 

Raoul Lay, direction
Charlotte Campana, flûte
Linda Amrani, clarinette
Hubert Reynouard, piano
Christian Bini, percussions
Yann Le Roux-Sèdes, violon
Jean-Florent Gabriel, violoncelle

Maureen Gontier

 

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