Florence Denis – Un nouveau lieu d’exposition dans un cadre enchanteur.

Les chemins de l’abstraction, au musée du Niel à Giens du 3 juin au 30 septembre

Le port du Niel, après Giens. Un écrin de verdure, quelques bateaux, le bleu de l’océan, une plage, un restaurant… Et désormais un nouveau musée dédié à la peinture de la seconde moitié du XXe, créé par Jean-Noël Drouin, amateur d’art qui a choisi de réhabiliter ce magnifique bâtiment contemporain et d’y ouvrir un nouveau lieu d’exposition. Rencontre avec la directrice, Florence Denis.

Un nouveau lieu d’exposition voit le jour, dans un cadre enchanteur…
M. Drouin a commencé à collectionner de la peinture à partir de 2018, par passion personnelle, avec une ligne directrice précise : de la peinture uniquement, européenne et française, et d’après-guerre, soit la seconde moitié du XXe. Il y a quelques années, il a découvert la presqu’île de Giens, et cette construction contemporaine abandonnée, construite dans les années 60. Il a eu un coup de cœur et a décidé d’y présenter sa collection. Il a été séduit par la beauté du site, la presqu’île, le village de Giens et ce Port du Niel incroyablement préservé grâce au Parc National de Port Cros. La commune d’Hyères nous a extrêmement bien accueillis. C’est audacieux de créer un musée dans un endroit à vocation balnéaire mais le public est habitué ici, avec la Villa Noailles ou la Fondation Carmignac, et nous faisons d’ores et déjà partie du réseau Plein Sud ce qui nous offre une belle visibilité. Nous mettrons à disposition des visiteurs des navettes gratuites depuis le village, qui possède un grand parking gratuit. Ils pourront aussi se restaurer sur la terrasse en profitant de cette superbe vue mer grâce au Mérou du Niel géré par Martin Himeur sur nos terrasses. Nous voulons que le musée soit un lieu de vie. Nous avons également un partenariat avec l’Ecole d’Art d’Hyères afin d’accueillir des étudiants en juillet pour un stage de création, le public scolaire et parascolaire est important. Ce fut deux ans de travaux pour transformer ce lieu privé en un lieu public, puis il a fallu réfléchir à l’exposition inaugurale…

Justement comment s’est fait le choix de cette exposition, « Les chemins de l’abstraction » ?
Le commissaire d’exposition Antoine Villeneuve a réalisé le choix des œuvres, en accord avec M. Drouin, en s’appuyant sur le recueil publié par Jean Grenier : « Entretiens avec dix-sept peintres non-figuratifs. ». Ceux-ci ont été la base de réflexion pour exprimer ce qu’est l’abstraction et ont permis de sélectionner certains artistes dans la collection de M. Drouin qui en réunit plus de quatre-vingts. Une des singularités de l’exposition est que nous avons récupéré les archives de l’INA pour permettre d’écouter les entretiens conduits par Jean Grenier dans les années 50 et 60. Ce sont les artistes eux-mêmes qui racontent leur parcours. Ils s’interrogent, entre autres, sur ce débat entre figuré et non-figuré et veulent en sortir. Leur seule règle est la liberté, afin d’imaginer un monde nouveau après le chaos de la guerre et surtout de remettre au centre du débat les émotions. Ces peintres-là ont aussi été marqués par les paysages qu’ils ont traversé dans toute l’Europe, entre Atlantique et Méditerranée, ce qui correspond bien à notre emplacement et à notre positionnement.

Quels sont les artistes présentés ?
L’exposition est construite autour de cinq chapitres. Nous démarrons avec « Les héritiers du XIXe siècle » avec Fontené, Zack, et Szenes, puis nous avons « Du cubisme à la non-figuration » avec Deyrolle et Busse, « Les enfants du surréalisme » avec Sima, Ubac, Vulliamy, Bryen, « L’appel du lyrisme » avec Gauthier, Carrade, Germain, et Marfaing et enfin « Brouiller les pistes » avec Debré, Messagier et bien sûr Soulages. Ces peintres venaient des quatre coins de France et d’Europe mais ont tous conflué à Paris, alors la capitale artistique mondiale. Après avoir subi la guerre, ils n’avaient qu’une envie, se rendre dans la capitale de l’art, au pays des lumières, pour retrouver leur liberté. Au niveau de l’expression, ils utilisent des chemins et supports divers, papier, gravures, huiles sur toiles, des grands et des petits formats… C’est une richesse, un élan extraordinaire qui irrigue encore aujourd’hui la création contemporaine.

Fabrice Lo Piccolo

En savoir +