
François Veillon – Embrasser notre révolution culturelle.
Du 7 au 28 juin au Télégraphe à Toulon, le Metek Festival
proposant une plongée dans les musiques émergentes, métissées, viscérales et engagées. Son directeur artistique, François Veillon, évoque cette scène en pleine mutation et le rôle du public dans cette transformation.
Quelle est l’essence du Metek Festival ?
Metek, c’est une musique qui ressemble au monde dans lequel on vit : métissée, audacieuse, en perpétuel mouvement. Ce ne sont pas des musiques “du monde” au sens traditionnel, mais des projets qui portent la marque de cultures croisées, de vécus
personnels forts. Chaque édition est un instantané de notre époque, une photographie sensible de la scène musicale
contemporaine. Cette scène a besoin d’espace. Ces projets ne trouvent pas toujours leur place dans les circuits classiques. Le Metek agit comme un catalyseur, un lieu d’expression pour des artistes qui parlent du monde avec force, poésie et vérité. Chaque année, nous mettons en lumière des projets féminins puissants, comme celui de Dawa Salfati cette année, qui s’inscrit dans la lignée d’artistes comme Flèche Love ou Estelle Meyer, en livrant une musique profondément habitée, à fleur de peau.
Quels sont les artistes marquants de cette édition ?
Il y a Okali, artiste d’origine camerounaise au parcours fort, témoin d’un monde complexe, ou encore Aluminé Guerrero, venue d’Amérique du Sud pour la Fête de la musique. Jako Maron est l’un des grands noms cette année : DJ réunionnais, il présente un projet autour de la transe maloya, musique de guérison. Il sera accompagné le 19 juin par Kubilai Khan Investigations de Frank Micheletti et ses Satellites of Dance, pour une expérience collective et immersive, à la fois musicale et corporelle. Ces Satellites of Dance souhaitent créer une communauté capable d’accueillir des propositions artistiques variées, de faire vivre un mouvement culturel tout au long de l’année. Ce n’est pas juste une performance, c’est un espace de lien. À travers l’esprit du club, du collectif, du disco d’aujourd’hui, on veut fédérer. Cela permet de réinventer la scène culturelle toulonnaise, de soutenir la création indépendante.Nous proposons également Kārwān, un cabaret monté par le Telegraphe, dont j’assure la direction artistique. C’est un espace où je peux exprimer une vision plus personnelle. Cette année : un spectacle unique, avec Ji Tonga Mukira, un artiste Kényan, Dimitri Reverchon à la batterie, Arnaud Paccini à la basse, Tritha à la voix et Eduardo et Carlotta Santiago… Un mouvement qui prend corps dans la rencontre.
Quel est le rôle du public dans cette révolution culturelle ?
Être spectateur aujourd’hui, c’est être acteur de la culture. Le public décide ce qui émerge, ce qui vit. Si l’on se contente d’aller aux grands rendez-vous mainstream, on freine l’audace. Ce que nous vivons artistiquement aujourd’hui, nous ne le vivrons plus l’an prochain. Le Metek est un baromètre sensible, un miroir de nos désirs, de notre époque. On vit une révolution culturelle silencieuse mais réelle. Elle ne fait pas les gros titres, mais elle transforme nos habitudes, nos goûts, nos façons de faire société. Le Metek est une invitation à en être acteur. Ce petit festival chaleureux (150 places), à l’excellente acoustique, donne à voir et à entendre des projets sincères. C’est un endroit pour être surpris, touché, transporté. Alors, venez, et faites vivre cette révolution avec nous.
Fabrice Lo Piccolo