François Veillon – Un lieu de transmission.
DOSSIER SPÉCIAL – KARMA – LE TELEGRAPHE
Le Telegraphe revient pour une nouvelle saison qui s’annonce pleine de nouveautés et de rebondissements. Son directeur nous éclaire sur la philosophie et le rôle qu’il imagine pour son lieu polymorphe.
Après « Graâl » la saison dernière, vous revenez avec « Karma » !
Nous avons une programmation beaucoup plus étoffée et précise que les années passées.
Le Telegraphe a cette fonction de recevoir et retransmettre des informations avec le plus d’objectivité possible. Nous sommes dans une société où le social, l’environnemental et le politique ont une place importante. Nous sommes confrontés à des situations d’antan, mais avec une modernité omniprésente, c’est un climat schizophrénique. Il est important de garder une page blanche, ouverte à une pensée qui s’éprouve et se raconte au jour le jour, de garder la porte ouverte à l’inattendu. La saison précédente s’appelait Graâl. Je ne prétends pas l’avoir expérimenté , mais ça représente bien notre façon d’aborder les choses. Cette année, c’est la première fois que notre saison sera autant incarnée. Nous aurons beaucoup de nouveaux formats et de collaborations, avec de la récurrence. Nous serons ouverts toute l’année avec au moins deux événements par semaine. Pour parvenir à cet engagement, Le Telegraphe s’est associé à plusieurs partenaires locaux et nationaux pour des formats enthousiasmants et fédérateurs, à l’attention de différentes générations . Le restaurant sera ouvert six jours sur sept, avec des propositions de jour, comme des café philo ou des formats pour les enfants. Nous voulons ramener de la spiritualité, mais pas galvaudée ou New Age, dans le quotidien. La saison culturelle est un prétexte, le Telegraphe ne vit pas sa saison dans la vocation unique de générer de l’Entertainment ou de suivre les dictats présents un peu partout. C’est surtout un prétexte à se rassembler. Dans beaucoup de cultures merveilleuses, la musique est un art social, à travers lequel les individus s’expriment et partagent par le corps. Le Telegraphe ouvre ses portes à la pensée la plus libre possible, et intitule donc sa saison « Karma, quelle que soit la tournure », et il faut l’accepter vraiment, sans en avoir peur. Mon rôle de directeur est d’avoir un postulat philosophique et je l’assume.
Quels seront vos nouveaux formats ?
Nous retrouverons bien sûr Stéphanie Slimani, une habituée des lieux. Cette fois-ci Stéphanie et sa troupe vont nous proposer un vrai cabaret. Elle avait présenté un travail sur scène avec des personnages qui se racontent, là, elle ajoute l’invitation de différents artistes pour se produire avec eux.
Une très belle nouveauté également, nous avons rencontré Nicolas Folmer, un grand représentant de la scène jazz, qui a aussi travaillé pour le cinéma avec Michel Legrand, et de cette rencontre est né le Folmer Club, un rendez-vous hebdomadaire avec différents formats autour de la musique et de nombreux artistes, venus d’ici et d’ailleurs. La scène locale fourmille de grands talents, l’idée est qu’ils se retrouvent ensemble et avec des artistes nationaux. La famille Santiago participera et fera vivre la flamme gitane… Nous y retrouverons le big band de Nicolas Folmer et Christophe Dal Sasso, ou encore le pianiste Julien Brunetaud.
Nous continuons également les ateliers, avec Myriam Lamotte en danse et Claudine Herrero autour du travail du clown et des ateliers d’écriture accessibles aux enfants, et une autre nouveauté, un format pour raconter de vieilles histoires de Toulon.
Le Telegraphe fêtera ses quatre ans d’ouverture au public le 30 novembre, jalonnés par des événements dans un contexte difficile. En ce moment, ce sont les restrictions énergétiques. Notre lieu consomme de l’énergie mais aussi en redonne. Comment se comporter quand on est un lieu public, mais privé. De quelle manière être solidaire ? En quoi consiste la solidarité ? On connait le travail essentiel d’associations qui se concentrent sur des personnes avec des besoins urgents. Il est également important de ne pas minimiser une solidarité active pour des personnes qui le sont. Nous avons tous besoin les uns des autres, on va s’en rendre compte de plus en plus. Nous avons cette possibilité de créer des bases de rapports sociaux qui vivent une forme d’émancipation et permettent de conserver notre libre arbitre. Il faut que l’intime puisse s’exprimer sinon il perd confiance en lui. Nous avons de magnifiques pensées et écrits qui doivent pouvoir se faire entendre, on en a besoin aujourd’hui. Et maintenant, je laisse la parole à nos intervenants pour exprimer leur propre vision.
Fabrice Lo Piccolo