Arts plastiques

Germain Prévost & Benoit Bottex : Perturber le paysage urbain.

Jusqu’au 27.10 – Toulon – « Carottages graphiques »
12.10 – Toulon – « Souterrain »

 

Dans le cadre de leurs balades urbaines, l’équipe du Metaxu a invité l’artiste toulonnais Germain Prévost, alias Ipin, à créer des œuvres in situ. Entre art urbain et art contemporain, partons à la découverte de leurs « carottages graphiques ».

 

Vous proposez le travail de Germain dans le cadre des balades urbaines…

Benoit : Nous souhaitions organiser un événement, à la fois pour les journées du Patrimoine, et pour le Festival Constellations. Nous avons donc créé une balade urbaine, en collaboration avec le bureau des guides de Marseille et Paul-Hervé Lavessière, et avons fait venir les danseurs de Kubilai Khan à la fin de la balade, dans le Metaxu. Pour agrémenter le parcours de créations artistiques, nous avons fait appel à Germain Prévost alias Ipin, qui avait déjà réalisé des œuvres sur les volets du Metaxu l’année dernière. Cela fait cinq ans que l’on organise ces balades, avec des performances, des actions artistiques, un regard esthétique.

 

Que sont ces « carottages graphiques » ?

Benoit : L’ensemble du projet s’est ordonné autour d’affiches 4×3. Les formes découpées ont été installées en cinq points sur tout le parcours. Et les contreformes sont exposées dans la galerie. C’est le signe du travail de l’artiste. Nous créons un aller-retour entre l’espace public, et le monde de la galerie. Ipin habite à Toulon, et vient du Street Art : la corrélation avec la balade était forte.

Ipin : Le « street art », aujourd’hui, est devenu une sorte de nouveau pop-art mercantile. Notre combat serait peut-être de redonner ses lettres de noblesse à ce terme. Le principe était de faire un prélèvement dans les graphismes urbains naturels de Toulon, comme une espèce de « carottage » Nous avons cherché des endroits avec un motif existant, un mur de briques par exemple. Ensuite le motif prélevé est réinstallé dans son milieu naturel, mais différemment (décalage, filtre, rotation..), créant ainsi une perturbation dans le paysage urbain, une forme de bug dans notre vision de la réalité. Cette série se déploie le long d’un parcours autour de la Rode. Des œuvres aussi grandes posées sur des façades, c’est inédit à Toulon. C’est une expérience de voir comment les gens réagissent car contrairement aux lieux consacrés, on ne s’attend pas à voir des œuvres dans la ville, l’image y est plutôt traditionnellement utilitaire (publicité, signalétique, informations..). Ce travail pourrait s’intégrer dans une thématique plus globale de mon travail que j’appelle «les dystopies graphiques». Ce projet prend sa source dans le travail de Vasarely et de l’esthétique futuriste et utopique du Op’Art, et du motif bien ordonné. Mais je me permets d’y ajouter une part de trouble ou d’accident, ce qui me parait plus réaliste. C’est une sorte de métaphore des contextes sociaux, politiques et environnementaux actuels…

 

Quel est ton parcours ?

Ipin : J’ai commencé à faire du graff au début des années 2000. Mais j’ai rapidement cherché à me démarquer du graffiti traditionnel en essayant de nouvelles formes et de nouvelles techniques (canons à peinture, pochoirs géants…). Ma nouvelle expérimentation est autour de la photo recollée en ville. Les réinstaller différemment crée un bug dans la réalité. Je suis résident à la Cité des Arts de la Rue à Marseille, depuis 2013. J’y mène, entre autre, un projet qui s’appelle «le Mur du Fond». Un artiste y est invité à intervenir sur un gros mur de cinquante mètres carré tous les mois, pour une expo éphémère. On invite des artistes majoritairement issus du graffiti ou du street-art mais qui, aujourd’hui, rejoignent tout à fait les champs de l’art contemporain et de la performance. Je développe également sans arrêt des projets en espaces publics, légaux ou non, la justesse du propos est plutôt l’enjeu. Enfin, j’anime régulièrement des workshops avec des classes ou des groupes d’origines diverses.

 

Vous organisez une autre soirée liée à ce travail le 12 octobre…

Nous allons développer cette idée d’exploration urbaine, en proposant un film d’exploration graphique et musical, réalisé par nous, les artistes du Metaxu, avec Germain. Nous aurons la projection, agrémentée de musique jouée en live. Ce sera dans la galerie, avec un système sonore immersif. Un indice : cela s’appelle « Souterrain »…