Héléna Krajewicz et Rob Rowlands – Un souffle d’art en ville.

Arts plastiques 

Février 2022 – Promenade Charles De Gaulle – Bandol

Couple d’artistes monégasques engagés, Héléna Krajewicz & Rob Rowlands exposeront “Un air de Liberté” sur la promenade Charles de Gaulle à Bandol en février 2022. Nous avons rencontré Héléna.

Comment vous répartissez-vous votre travail ?

On travaille ensemble de façon complémentaire depuis une vingtaine d’années. Avant, j’étais prof de français et j’ai commencé à peindre. Rob était informaticien. Un jour, on a accepté un défi : participer à une exposition sans peinture. Rob a toujours des solutions et ce fut notre première collaboration et installation. Pour la partie conceptuelle, lorsqu’on nous donne un thème, on brainstorme et une des idées est retenue. Rob fait les structures, l’aspect technique et moi l’aspect esthétique. C’est le cas pour nos vidéos aussi. Quand on passe de la peinture au volume, on ajoute une dimension. J’utilise également la couleur, mais sans être dans les aplats.

Quelles sont vos sources d’inspiration esthétique ?

On ne s’affilie pas vraiment à d’autres artistes. Tout ce qui est en l’air et qui bouge nous parle. Quand on expose quelque part, on part de rien. On fait à chaque fois quelque chose de nouveau, in-situ selon le lieu. En vidéo, on travaille avec des voiles en superposition, des structures et des mises en scènes possibles. Mais en général, on change de matériau pour que la matière s’adapte à une forme. On travaille pas mal en l’air, pour créer des sculptures qui ne soient pas statiques. On fait aussi des personnages en fibre de verre, pour jouer avec la transparence.

Comment avez-vous imaginé le projet à Bandol ?

Un ami artiste, Nicolas Lavarenne a proposé notre nom au service culturel de la ville, qui nous a contactés. Certaines œuvres monumentales ont été achetées, mais elles restent souvent éphémères. Nous sommes donc venus sur place pour voir la faisabilité de nos pièces et on a regardé là où on pourrait les accrocher. On est ici entre le ciel et la mer, alors on a imaginé les choses en l’air sur des câbles, entre les palmiers, jouant avec la lumière. On installe aussi des œuvres au sol pour que les gens y aient un accès immédiat. C’est un endroit public où on peut interpeller du monde sur les sujets qui nous intéressent. Des espaces de liberté, sereins, où ils peuvent s’asseoir et rester tranquilles ou lire, oublier la route. On expose dans le milieu urbain ou dans la nature, mais on aime surtout donner accès à l’art au plus grand nombre. Mettre l’art à portée de main, comme un cadeau.

Quels enjeux humanistes et sujets d’actualités traitez-vous dans cette œuvre?

Nos coquelicots dénoncent l’usage des pesticides. La phrase “nous voulons des coquelicots” est un célèbre appel à la résistance, nous voulons que les plantes puissent continuer à pousser ! Le coquelicot est la première fleur qui pousse au printemps, mais seulement s’il n’y a pas de pesticide. On va réaliser une grande plaque d’argile qui se craquelle lorsqu’il ne pleut pas et se gorge d’eau s’il pleut. Nous avons aussi “quatre banksters”, des personnages sombres en costume, intimidants, avec des gueules de prédateurs qui nous dominent avec un signe de mise à mort. Et enfin, des enfants pris dans une toile qui représentent notre rapport aux écrans et à internet. L’aspect pourtant léger de notre travail n’existe que pour parler de liberté, car c’est important pour nous révéler les injustices du monde.

Maureen Gontier

Janvier 2022