Héloïse Luzzati – La reconnaissance du matrimoine musical.

Le 6 mai, Église Sainte-Marie au Thoronet
Le 7 mai, Collégiale Saint-Paul à Hyères
Le 16 juin, Château d’Écouen

Avant tout violoncelliste, Héloïse Luzzati est aussi fondatrice et directrice engagée d’une association qui identifie et diffuse le répertoire des compositrices pour une plus grande égalité dans les programmations musicales et artistiques.

Comment l’occasion de travailler avec Les Voix Animées s’est-elle créée ?
Nous nous sommes rencontrés il y a deux ans. Dans le cadre de l’association « Elles Women Composers », je mène des recherches sur le répertoire des compositrices du passé, mais je me concentre principalement sur les XIXe et XXe siècles. J’étais curieuse de découvrir le répertoire de la Renaissance, car je ne suis pas spécialiste de cette époque. Nous avons donc imaginé ensemble un programme autour de deux compositrices des XVIe et XVIIe siècles : Raffaella Aleotti et Maddalena Casulana. Ce programme sera notamment joué au Château d’Écouen – Musée National de la Renaissance, lors de notre festival « Un Temps pour Elles », le 16 juin 2023.

Comment ce festival a-t-il évolué ?
Le Festival « Un Temps pour Elles » est né en 2020, en plein COVID. Créer un festival à ce moment-là représentait un vrai défi : il y avait bien sûr la joie de pouvoir jouer avec d’autres musiciens et de revenir sur scène, mais aussi de nombreuses difficultés. La première édition du festival était très différente de ce qu’il est devenu aujourd’hui : alors que nous donnions en 2020 tous nos concerts dans un château en Seine-et-Marne, nous sommes depuis 2021 un festival itinérant dans le Val-d’Oise, et nous nous déplaçons dans les grands sites de patrimoine du département (Abbaye de Royaumont, Abbaye de Maubuisson, Domaine de Villarceaux…). Chaque week-end, nous changeons donc d’acoustique, d’environnement et de public. La particularité de ce festival est qu’il s’agit de notre laboratoire de fabrication des programmes. Je raconte au public l’histoire de chaque concert et de chaque compositrice. Mais le propos du festival ne se limite pas à une réflexion sur le genre, il s’agit plus largement de faire découvrir de nouvelles œuvres !

Comment avez-vous eu l’idée de fonder l’association « Elles Women Composers » dont vous êtes la directrice artistique ?
C’est une réflexion qui m’est venue progressivement en tant que musicienne. En vingt-cinq ans de pratique instrumentale, je n’avais jamais joué l’œuvre d’une femme ; et les compositrices étaient absentes des cours au Conservatoire, des programmes d’examens et des bibliothèques. À l’âge de trente ans, je me suis demandé pourquoi. Plus je creusais, plus je me rendais compte qu’il y avait eu énormément de femmes artistes, mais qu’elles avaient disparu de l’histoire de la musique, et qu’il existait des milliers de partitions ni trouvables, ni enregistrées. Je me suis alors demandé comment faire pour les rendre plus visibles.

Quelles sont vos autres actions ?
Le projet repose sur un travail de recherche et d’identification : on passe notre temps à chercher des partitions, des manuscrits, des premières éditions, on les déchiffre et on les joue. Mais tout a vraiment commencé avec la création d’outils de diffusion. En 2020, j’ai décidé de réaliser de courts documentaires vidéo, diffusés sur une chaîne YouTube : « La Boîte à Pépites ». Puis il y a eu le festival la même année, et le label discographique en 2022. Nous avons enregistré une première monographie de trois disques consacrés à une parfaite inconnue, Charlotte Sohy, avec trois heures de musique inédite. Le succès a été inattendu, avec un million d’écoutes sur les plateformes de streaming ! Nous avons même dû represser de nouveaux disques, parce que nous avions tout vendu. Notre label est même distribué au Royaume-Uni et aux États-Unis. Enfin, nous réalisons un vrai travail pédagogique : grâce à notre chaîne de vidéos, nous diffusons de courts dessins animés présentant la vie et l’œuvre d’une compositrice, parfois accompagnés d’une captation vidéo de l’une de ses pièces. Ces outils sont destinés à tous les publics, mais peuvent être utilisés par les professeurs des conservatoires et des écoles de musique. Notre dernier projet en date est le lancement d’une activité d’édition de partitions pour permettre aux musiciens qui le souhaitent d’acheter les partitions des œuvres que nous diffusons, en ligne ou en boutique, et de les jouer pour les faire connaître à leur tour !

Site : Elles Composent

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