Henri Salamero – Une métamorphose artistique.

>> Exposition « Metamórphosis poíêsis » jusqu’au 19 février à la Galerie G à La Garde

Henri Salamero, artiste aux influences multiples explore les liens entre art, écologie et sensibilité humaine. Rencontre avec un créateur en quête de poésie dans la matière et d’harmonie avec notre environnement.

Henri, tu es récemment diplômé de l’ESADTPM et lauréat de Salons Divers à la Garde en 2024, comment es-tu venu aux arts plastiques ?

J’ai toujours baigné dans un univers artistique. Mon père, artiste peintre, avait pour maître un professeur des Beaux-Arts de Barcelone. J’ai d’abord étudié les arts plastiques, puis je me suis tourné vers la mode en obtenant un diplôme de styliste-modéliste. Finalement, je suis revenu à l’art, où j’ai pu combiner ces expériences.

Le textile occupe une place centrale dans ton travail. Pourquoi cette matière ?

Le textile est un fil conducteur. Il incarne une universalité : tout le monde s’habille, habite le textile. Dans mon travail, je mêle cette dimension quotidienne à des techniques apprises dans la mode et à une dimension picturale apprise aux Beaux-Arts. Mon approche est influencée par le mouvement Supports/Surfaces des années 60, mais aussi par l’art contemporain.

Le thème de ton exposition est la métamorphose. Peux-tu nous en dire plus ?

Le titre « Metamórphosis poíêsis » évoque l’idée de transformation poétique. Poíêsis vient du grec et signifie « faire ». J’explore ce moment où le façonnage de la matière devient porteur de sens. Mon travail s’articule autour de recherches sur la matière, les paysages et les émotions. Par exemple, j’ai créé des lampes à huile en terre cuite imprégnées d’huiles essentielles de plantes méditerranéennes comme le pistachier lentisque ou le thym. Cela ramène les odeurs extérieures à l’intérieur, créant un paysage olfactif. « L’arbre qui cache ce qu’il reste de la forêt « est une œuvre vidéo et sonore qui mêle poésie et musique. J’ai écrit un texte inspiré des travaux du biologiste Francis Hallé sur les arbres, lu par Mathilde Parmentier Gierusz, accompagné d’une bande-son composée par Jérémy Grandi. L’installation évoque la fragilité de notre lien avec les forêts, particulièrement dans le contexte des grands incendies, comme ceux des Landes qui m’ont marqué, car je viens du Sud-Ouest. J’expose également des feuilles qui représentent chaque année de ma vie. Elles sont trempées dans la cire, évoquant des bougies d’anniversaire, et chacune a son identité propre. Je me suis inspiré des cernes du bois qui représentent son âge. La cire est une matière fascinante et infinie, qui ne peut se travailler qu’à une certaine température. Je l’utilise dans l’œuvre « Brûler des deux bouts » également. La cire pourrait représenter le corps, et la flamme l’âme. L’œuvre est en constante métamorphose et se génère elle-même sous l’action du feu.

La Galerie G propose aussi des ateliers et des performances autour de ton exposition. Peux-tu nous en parler ?

J’anime des ateliers pour les jeunes publics, notamment autour de la teinture végétale et des techniques de nouage textile comme le shibori. Ces ateliers invitent à la surprise et à la découverte, loin des écrans. Avec les adultes, les échanges sont différents : ils apprécient le processus sans chercher un résultat immédiat, ce qui rejoint l’idée de poíêsis. En parallèle, il y a des performances : une théâtre avec le Cabinet de Curiosités le 11 février, une danse par la Ridz Compagnie le 18 février, ainsi que des cours de yoga les 6 et 13 février. La commissaire de l’exposition, Magali Moussu, a enrichi le programme avec ces événements.

Fabrice Lo Piccolo

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