I GIARDINI – Le destin romanesque d’une femme hors du commun
>> »Mel Bonis, le secret » à la Tour royale à Toulon, le 4 juillet
Pauline Buet et David Violi, directeurs artistiques de l’ensemble I Giardini, évoquent le concert qu’ils vont donner à la Tour royale sur une musique de Mélanie Bonis (1858-1937). Un texte écrit et lu par Yanowski, portant sur la vie de la compositrice, rythmera le spectacle.
Quelle est la particularité des Giardini ?
D. V. : À l’origine, c’était il y a une quinzaine d’années, nous étions un quatuor avec piano, mais nous ne sommes pas restés longtemps dans cette formation. L’idée était de devenir un ensemble plus large, qu’on dirigerait tous les deux, Pauline et moi, et que différents musiciens rejoindraient en toute liberté selon les projets.
P. B. : En ce qui concerne la répartition des tâches au sein de cette direction, il n’y a pas de domaines réservés. Avec David, on décide des projets ensemble, toujours « à quatre mains ». Nous sommes entourés d’une solide équipe qui fait tourner l’ensemble en gérant le côté contractuel, l’organisation, la logistique, la production. Cela nous permet de nous consacrer pleinement à la partie artistique.
À quoi fait référence le nom de votre ensemble ?
D. V. : On voulait un nom joyeux, et c’est tout naturellement qu’on s’est tourné vers le compositeur italien Felice Giardini (1716-1796), un des tout premiers à avoir écrit pour des quatuors avec piano. Le collectif s’étant élargi, on s’est appelé I Giardini, « Les Giardini ». Aujourd’hui, ce nom reflète assez bien cette idée de pépinière d’artistes, de jardin où des musiciens ou des chanteurs se joignent à nous pour ensuite voguer vers d’autres projets.
Pourquoi avoir choisi d’interpréter Mel Bonis ?
P. B. : Depuis le début, on joue beaucoup de compositrices romantiques françaises. C’est important pour nous de les défendre. Quand on a découvert Mel Bonis, on est tombés sous le charme de sa musique. Les femmes étaient peu jouées à l’époque où on a enregistré un de ses quatuors avec piano (2014). En plus de cela, il se trouve qu’elle a une histoire quasi cinématographique, une vie complexe de femme, d’amoureuse, d’amante, dans l’obligation de vivre avec quelqu’un dont elle ne veut pas partager la vie. Tout cela nous a parlé. Quand on présentait son histoire avant de jouer son œuvre en concert, les gens dans le public étaient toujours inspirés. Leur réaction donnait beaucoup de corps au discours.
Est-ce cet accueil du public qui vous a donné envie de faire découvrir l’histoire de Mel Bonis ?
P. B. : Ça fait quatre ans qu’on avait envie d’écrire son histoire. Cette idée ne nous a pas quittés.
Au gré des projets, nous avons rencontré Yanowski, qui est entré dans l’aventure avec passion et a écrit un texte sur elle.
D. V. : C’était important pour nous que sa vie soit racontée de manière poétique, c’est ce qu’a fait Yanowski. Avant nos concerts, on présente Mel Bonis de façon assez succincte. Avec Yanowski, ça va plus loin, c’est un comédien, un écrivain qui prend la plume et lui rend hommage. On sent dans son texte que lui aussi a été saisi par son destin. Ce spectacle, c’est un voyage avec Mel Bonis.
Quels sont vos projets ?
D. V. : Nous enregistrons actuellement notre prochain disque. Il s’agit une nouvelle fois de musique romantique, un projet mené avec une équipe enrichie. Comme à notre habitude, il y aura du répertoire classique et des surprises, notamment du chant lyrique. On est aussi impliqué dans la création contemporaine, toujours féminine. Par exemple on crée régulièrement de nouvelles œuvres écrites par la compositrice américaine Caroline Shaw. On aime bien naviguer entre la musique romantique, la création contemporaine et la musique de chambre avec voix. Laurent Girerd