In memoriam – William Byrd et Thomas Weelkes, une douce mémoire.

Le 25 août, Chapelle du Saint Suaire à Nice
Le 26 août, Abbaye du Thoronet
Le 27 août, Église Saint-Louis à Toulon

Le deuxième volet du cycle de concerts « Entre pierres et mer » est consacré à deux grands polyphonistes anglais de l’époque élisabéthaine, William Byrd et Thomas Weelkes, décédés en 1623, il y a quatre-cents ans. Leur musique, sommet de l’art vocal de la Renaissance et du début du baroque, est associée au motet « Et in terra » de Laurent Melin.

Le présent florilège musical réunit cinq compositeurs dont les carrières combinées couvrent plus d’un siècle, des années 1530, jusqu’aux bouleversements de la Guerre civile des années 1640. Ce sont trois générations de professeurs et d’élèves : William Byrd fut le disciple le plus éminent de Thomas Tallis, puis à son tour il enseigna la composition à Thomas Morley (qui l’en remercia chaleureusement dans son « Plain and Easy Introduction to Practical Music »), à Thomas Weelkes et à Thomas Tomkins (qui lui dédia un madrigal – « à mon ancien et très révéré maître »). L’histoire de la Renaissance musicale en Angleterre peut être racontée à travers les vies de ces cinq hommes, qui tous œuvrèrent avec une indéfectible créativité en des temps très difficiles. Si les disciples de William Byrd furent des madrigalistes remarquables, leur musique sacrée n’en demeure pas moins de grand intérêt. Tous s’inscrivent, par nécessité, dans la tradition de la nouvelle liturgie anglicane initiée en 1534 par Henri VIII Tudor mais bon nombre, dont William Byrd lui-même, pratiquent en secret leur foi catholique. Ces compositeurs « masqués » pouvaient se sentir particulièrement concernés à l’écoute du superbe motet de William Byrd « Vigilate » (veillez) dont le premier mot symbolise parfaitement le caractère clandestin d’une pratique musicale insoumise de l’Angleterre élisabéthaine. Sur plus d’un siècle, l’écriture musicale passe de la pratique des monastères médiévaux à la flamboyance des grandes cathédrales. De Thomas Tallis à Thomas Tomkins, la musique liturgique anglicane évolue au fil du temps d’une écriture dans le style non ornementé de la Réforme à une création polyphonique fortement inspirée par les expérimentations des madrigalistes italiens. Lorsqu’il s’agit de chercher l’inspiration, le cas de Thomas Morley est tout à fait particulier, il peut être considéré comme l’un des plus talentueux contrefacteurs de l’histoire de la musique. La pièce conservée la plus ancienne de Morley est un motet qu’il composa à l’âge de dix-neuf ans et dont la dernière page est effrontément copiée, moyennant quelques changements superficiels, sur l’une des propres œuvres de Byrd. « Laboravi » et « Nolo mortem » sont l’une et l’autre de savantes adaptations… un vol pur et simple de la pièce éponyme de Philippe Rogier pour la première et un remaniement d’une pièce de John Redford l’auteur du texte, « master of the choristers » à la cathédrale Saint-Paul pour la seconde. Le programme, hommage à William Byrd et Thomas Weelkes est d’une couleur emprunte de tristesse, de nostalgie et de reconnaissance. Si certains titres de motets sont parfaitement explicites, certains cependant requièrent quelques explications. « O Jonathan, woe is me » et « When David heard » de Thomas Weelkes sont tous deux inspirés du livre de Samuel et font entendre la douloureuse lamentation de David sur la perte de l’ami puis sur celle du fils bien-aimé. Il ne pourrait y avoir d’hommage réussi sans, pour parfaire la forme, quelques élans reconnaissants et joyeux, ceux de la joie impossible mais du vrai témoignage d’affection de Thomas Tomkins pour son maître William Byrd « Too much I once lamented », ceux éclatants de « Sing joyfully » extrait du Psaume 81 et surtout, ceux de « Laudibus in sanctis », une retentissante évocation du Psaume 150, le plus musical des Psaumes, avec ses descriptions colorées de trompettes et de tambours, de musique d’orgue, de cymbales
et de danse.

 

Télécharger le magazine : CDA LVA Saison 2023

Agenda des Voix Animées