Inna De Yard – Une affaire de famille.

Festival de Néoules du 20 au 22 juillet

Inna De Yard, que l’on pourrait traduire par « Dans le jardin » rassemble depuis les années 2000, autour de Winston Mc Anuff, des stars du reggae jamaïcain pour enregistrer en extérieur et en acoustique des standards de reggae. Winston nous parle de leur nouvel album « Family Affair », tout juste sorti, qui compte des invités de choix.

Comment a démarré ce projet de réunir des stars du reggae pour enregistrer en acoustique et dans la nature des morceaux de reggae célèbres ?
Quand je suis arrivé en France pour travailler avec le label Makasound (aujourd’hui Chapter Two), ils ont décidé de ressortir plusieurs de mes albums et j’ai réalisé que je n’aurais rien à faire pendant quatre ans ! J’ai alors enregistré un album acoustique, ça m’a pris deux jours. La maison de disque m’a demandé si j’avais des amis en Jamaïque avec qui je pouvais faire la même chose. Je savais qu’Earl Chinna Smith en avait assez de la guitare électrique, et je lui ai proposé. On a enregistré le tout premier album, je l’ai toujours. Et j’ai commencé à inviter des amis, Mighty Diamonds, Linval Thompson, et de nombreux depuis. C’est une grande famille. Ce projet donne aussi l’opportunité à des artistes de relancer leur carrière.

Vous avez enregistré ce nouvel album « Family Affair » dans les Blue Mountains près de Kingston en quatre jours, qui avez-vous invité et comment s’est passé l’enregistrement ?
Nous avons invité Junior Reid, Keith and Tex, Johnny Osbourne. J’écoute Johnny depuis que je suis jeune, avant même de commencer à chanter, c’est un vrai honneur de travailler avec lui. Il y a aussi Cedric Myton et mon fils Kush. C’était un vrai plaisir d’enregistrer cet album. Nous avons sélectionné les morceaux avec Nicolas Maslowski de Chapter Two. Je chante avec Johnny la chanson « Baltimore » qu’a aussi chantée Nina Simone, une grande artiste. Nous avons également enregistré une nouvelle version de « Truth and rights » de Johnny, Keith and Tex chantent « Down the street » et leur tube « Stop that train ». On a enregistré dans ces montagnes qui sont magnifiques, tu es dehors, tout en haut, on dirait que tu es dans un hélicoptère et que tu regardes par la fenêtre. C’est une très belle énergie.

Comment va se passer le concert à Néoules ?
Tout le monde sera là, l’équipe complète, c’est de la joie pure, c’est un voyage en chansons. Tu te rends compte, Keith and Tex m’ont dit qu’ils avaient enregistré « Stop that train » quand ils avaient seize ans ! Je n’y croyais pas. Ils seront là.

Qu’est-ce qui vous a fait choisir de dédier votre vie au reggae ?
Enfant, je chantais à l’église avec ma mère. Par la suite, je m’échappais de la maison pour aller dans les Sound Systems. Je suis de la région de Manchester en Jamaïque, d’ailleurs je te parle de là-bas en ce moment, et je suis allé à Kingston vivre avec ma sœur. Après l’école, j’allais voir des producteurs de reggae, comme Joe Gibbs, et je leur chantais des chansons avec ma guitare. Un jeudi, on a loupé l’école et on est allé au studio pour chanter « Malcolm X » (chanson reprise par Winston avec Inna de Yard par la suite ndlr). Il y avait Earl Chinna Smith dans le studio. J’avais amené Frankly « Bubbler » Waul avec moi. Il a ensuite joué avec Black Uhuru et Sly et Robbie et est maintenant notre clavier. Je lui ai dit qu’il jouait mieux que les musiciens du studio, et il est venu. Ils l’ont entendu jouer et on ne l’a plus revu, ils l’ont gardé (rires) !
Mais la chanson était plus grande que moi, je n’ai pas été retenu à l’époque. Dennis Brown l’a chantée plus tard.

Qu’est-ce que vous pensez du succès du reggae en France ?
Le reggae est une musique très spirituelle et je crois que le public français est ouvert à cette spiritualité. Mais les standards sont aussi très élevés. Cela fait vingt ans que je joue en France, et ce n’est pas pour l’argent. Il faut travailler dur pour avoir du succès, peut-être plus qu’ailleurs, mais je suis un bon exemple pour montrer que c’est possible. Tu récoltes ce que tu sèmes.

 

2puikan ? Créé au départ avec le guitariste Earl Chinna Smith en 2004, série d’une dizaine d’albums enregistré dans son « yard » (son jardin) jusqu’à 2009. Puis, le projet a redémarré en 2016, avec l’impulsion de la Philharmonie pour un concert autour de l’exposition Jamaica Jamaica. Deux albums (2017 et 2019) produits dans une maison sur les hauteurs de Kingston, un film sorti au cinéma réalisé par Peter Webber (2019). Nouvel album 2023.

Yssondou ?? Jamaïque.

Sajoukoi ?! Reggae jamaïcan

Mékicé ?! Winston McAnuff, Cedric Myton (du trio vocal The Congos), Kiddus I, Keith & Tex, Johnny Osbourne, Derajah, Kush McAnuff, Frankly Waul (pianiste), Dwight Pinkney (guitar), Worm (bassiste), Fonso (percussioniste), Steve Newland. Membres ayant participé : Ken Boothe, Horace Andy, Jah9, The Viceroys, Lloyd Parks.

Titehistoir’… En décembre dernier, j’ai eu la chance de jouer avec mon ami Tiken Jah Fakoli, c’était la première fois. On a joué sur une péniche à Paris. L’Afrique et la Jamaïque ensemble. C’était génial.

 

Fabrice Lo Piccolo

Festival de Néoules