Isabelle Bardiès-Fronty – Émerveillement pour un voyage dans le temps exceptionnel.

L’évènement unique, précieux et rare autour des trésors du Royaume de Lotharingie qui se déroulera cet été à l’Hôtel Départemental des Expositions du Var à Draguignan – lieu d’envergure international – va éblouir et ensorceler les visiteurs, toutes générations confondues. Nous avons interrogé la commissaire d’exposition.

Pouvez-vous contextualiser la création de la Lotharingie ?
C’est un territoire quelque peu oublié, sa naissance même est presque postérieure à son existence, puisque le nom apparaît lorsque la Lotharingie a disparu. Territoire singulier au coeur de l’Europe, sa géographie correspond à ce qui fut le centre du pouvoir de Charlemagne. Dans sa première configuration, c’était un territoire extraordinaire par son amplitude, qui allait de la mer du Nord à la mer Méditerranée, en un sillon qui empruntait les vallées du Rhin et du Rhône, en d’autres termes, nos axes de circulation actuels.
Pourquoi mettre en avant cette période de l’histoire ?
J’ai été contactée il y a deux ans par l’équipe du département du Var qui souhaitait faire une exposition spécifiquement sur l’art et l’histoire de ce territoire, peut-être parce que la Provence était comprise à l’intérieur. Par ailleurs, j’ai longtemps été conservatrice du musée de Metz, qui était au coeur de la Lotharingie et qui possède quelques-uns des témoignages les plus importants de cet art, et aujourd’hui, au Musée de Cluny, je suis en charge de l’art du Haut Moyen-Âge, c’est à dire l’art du premier millénaire. J’ai accepté avec beaucoup de plaisir cette proposition, qui fait de l’Hôtel Départemental des Expositions de Draguignan, le premier lieu à montrer, parmi toutes les expositions sur l’art carolingien, une présentation spécifique de l’art lotharingien, ce qui n’est pas sans rendre un peu jaloux mes collègues des musées d’Allemagne !

D’où viennent les trésors exposés ?
L’évènement a pour caractéristique d’avoir une quarantaine de prêteurs, qui ont tous eu la générosité de se séparer pour l’été 2023, d’oeuvres qui sont, par leur rareté, exceptionnelles dans leur collection. Elles viennent de plusieurs pays du monde, de Norvège, d’Irlande, d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne évidemment, etc. Mais au-delà de ces prêts étrangers, l’exposition va également rassembler des œuvres qui viennent de tout le territoire français. Nous bénéficions d’un partenariat exceptionnel avec la Bibliothèque Nationale de France, les Archives Nationales de France, l’INRAP ( Institut National de recherches Archéologiques) et le musée du Louvre, mais nombre de musées et d’églises de régions ont également joué le jeu. Il sera possible de découvrir les trésors de la cathédrale de Nancy, de l’église de Monastier-sur-Gazeille, mais aussi des objets venus des musées de Metz, de Saint-Raphaël, ou encore des Archives Départementales du Rhône à Lyon.

Quels sont ces trésors ?
L’exposition va être représentative de ce qu’ont créé les artistes de ces deux derniers siècles du premier millénaire. Tout d’abord, Il faut savoir qu’à l’époque, la peinture est dans les livres. Il y aura donc beaucoup de livres dans l’exposition, qui sont autant de peintures, comme le seraient des tableaux pour l’époque moderne. Il y aura également de la sculpture sur pierre et sur ivoire et la part de l’orfèvrerie est très importante. Les visiteurs découvriront énormément d’or et de pierres qui sont des oeuvres se plaçant parfois dans un contexte religieux, mais pas exclusivement, car il y aura également une salle consacrée au cadre de vie à cette époque-là. C’est le foisonnement de plus de mille ans d’émerveillement de l’Homme pour ce qui l’entoure.
HDE VAR – 1, bd Maréchal Foch – Draguignan

Weena Truscelli

 

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