Isabelle Bourgeois – Un Centre d’Art ouvert.
« Lux Fecit » – Alun Williams – Jusqu’au 23.12 / « It’s wild on the beach » – O. Millagou – du 08.12 au 02.02 – Villa Tamaris – La Seyne-sur-Mer
La directrice de la Villa Tamaris centre d’art connait Alun, peintre britannique depuis de nombreuses années. Déjà en 1997, elle lui avait offert sa première exposition, au Moulin à La Valette quand elle dirigeait celui-ci. Cette fois-ci, elle l’a invité pour son travail autour de Picasso, et pour produire des pièces en résidence dans la célèbre villa créée par Michel Pacha. En parallèle, elle nous détaille la prochaine exposition d’Olivier Millagou.
Comment vois-tu ton rôle à la Villa Tamaris ?
Je suis arrivée en avril 2018 suite au départ à la retraite de Robert Bonaccorsi, qui avait beaucoup exposé la peinture en figuration narrative. Tout en continuant dans sa lignée, j’ai ouvert à d’autres domaines artistiques. L’an dernier, nous n’avons montré pratiquement que des installations vidéo. Tous les mediums sont investigués, car c’est surtout l’artiste qui m’intéresse. Le lieu est immense : trois mille sept cent mètres carré, dont mille sept cent d’exposition. Au rez-de-chaussée et au premier, nous avons les grandes expositions. A l’étage intermédiaire, trois salles réservées aux collections permanentes de la Métropole et du territoire régional. Le rez-de-jardin fonctionne comme une sorte d’Abbaye de Thélème (cf Rabelais ndlr), avec cette devise « fais ce que voudras ». Ces salles ont vocation à changer en permanence. L’an dernier, nous avons eu trois workshops avec des étudiants de l’école d’art et de l’université. Nous accueillons des étudiants ou des artistes en résidence, pour une expo qui dure six semaines. C’est elle qui donne son tempo à la Villa. Je veux un lieu le plus ouvert possible. Ici les fondamentaux sont les arts visuels, mais on peut aussi faire de la musique, du cinéma… Les artistes travaillent de plus en plus façon transdisciplinaire et c’est aussi une façon de croiser les publics.
Alun Williams a créé une partie des œuvres exposées en résidence ici…
L’exposition s’insère dans l’évènement « Une saison Picasso », qui associe différentes institutions culturelles de la Métropole. Je connaissais bien le travail d’Alun qui a beaucoup travaillé autour des personnages de Picasso. Nous montrons ce travail-là et celui réalisé en résidence autour de Michel Pacha et de ses phares, d’où le nom de l’exposition « Lux Fecit ». Il a peint sur de grand lais de toile de jute, matériau qu’il utilise régulièrement, qu’il a installés entre les différentes grandes portes de la Villa. C’est comme une pellicule de cinéma, sorte de clin d’œil inconscient à la Villa Orientale en contrebas prêtée par Pacha aux Frères Lumière. Alun travaille aussi sur des tâches qui représentent ses personnages. Il fait un travail de recherche, part sur les traces du personnage sur lequel il a choisi de travailler. Devant la porte de sa Maison de Marseille, il a trouvé « sa » tâche, celle qui va représenter Michel Pacha. Cela décale la notion de portrait, c’est une incarnation, un ectoplasme comme disent les enfants. Par la suite on peut reconnaitre les tâches d’Alun dans ses différents travaux. Ici nous avons par exemple celle de Jules Verne confrontée à celle de Pacha.
Au rez-de-jardin, nous aurons une exposition orchestrée par Olivier Millagou…
Olivier vit sur notre territoire et est professeur à l’ESADTPM. Il y a deux volets dans son travail : ses œuvres et les invitations à d’autres artistes à collaborer avec lui. Ce sont des artistes qu’il connait, ses affinités électives. Ils peuvent travailler sur le dessin, la peinture, le son, les volumes, le design. Dans cette expo « Wild on the beach », à partir du 7 décembre, nous retrouverons l’univers d’Olivier, surfeur de très haut niveau, empreint de glisse, de Côte Ouest, de mer, de plage. C’est une exposition très colorée, avec du dessin, du son. L’exposition elle-même est une œuvre d’art, la scénographie est très importante. Tout est peint, du sol au plafond, c’est très immersif. Il a invité des artistes de tous horizons, quatorze au total. Comme locaux, nous retrouverons Caroline Vicquenault, plasticienne diplômée de l’ESADTPM, et une installation sonore de Nico Morcillo, membre d’Hifiklub, avec qui Olivier travaille souvent.