IVAN CALBÉRAC ISABELLE CARRÉ – A déguster à forte dose
La Dégustation – Déjà en scène
C’est la rencontre de deux solitudes : Jacques (Bernard Campan) est un homme sauvage qui tient une petite cave à vin qui périclite. Hortense (Isabelle Carré) est une femme qui se voit vieillir sans homme, sans enfant, malgré une énergie débordante. Leur rencontre va-t-elle changer les choses ?
A l’occasion de l’avant-première au Pathé La Valette, nous rencontrons Isabelle Carré et son réalisateur au domaine de la Castille, lieu on ne peut plus adéquat pour parler de ce film qui fut au départ une pièce de théâtre signée… Ivan Calbérac ! « Au départ – nous confie-t-il – cette pièce marchait bien, jusqu’à ce qu’on l’arrête et qu’on annule la tournée qui devait suivre, pour cause de Covid. -Pour combler nos frustration – ajoute Isabelle – Bernard et moi avons supplié Ivan d’en faire un film afin de pouvoir continuer l’aventure.
Difficile, Ivan d’adapter une pièce en scénario de cinéma ?
Je l’avais déjà fait avec mon dernier roman « Venise n’est pas en Italie ». Après, il faut passer d’une scène à un vrai décor et que ça ne ressemble pas à une pièce filmée. Il faut donc trouver les lieux, ajouter des scènes qu’on ne peut mettre au théâtre, ce qui peut être intéressant. Il faut aussi pouvoir étoffer les rôles. Par exemple, sur scène c’est Jacques le maître des lieux puisque le décor est une cave. Pour le film, j’ai étoffé le rôle d’Hotense car elle est à la fois sage-femme, animatrice, chanteuse dans une chorale. Et je la suis dans ses divers engagements. On peut aussi jouer sur les expressions, les gros plans, ce qu’on ne peut faire au théâtre. Mais le but est de garder la trame de l’histoire.
Qu’est-ce qui vous a plu dans ce rôle, Isabelle ?
Le fait qu’il y ait un parallèle entre le vin, l’amour, la vie de tous les jours. Un vin, ça se travaille, ça se décante, ça s’oublie durant des mois dans une cave. Un amour, ça naît comme ça, d’une rencontre, ça se diffuse lentement. Comme le vin, on ne sait pas ce qui va se passer à l’arrivée et puis ce peut être la joie ou la déception… comme le vin : on ne sait ce qu’il est devenu que lorsqu’on ouvre la bouteille. J’ai aimé le parallèle entre les deux.
Ivan, comment t’est venue l’idée de ce parallèle entre l’amour et le vin ?
Je dois déjà te dire que je n’y connaissais rien en vin mais cette idée m’est venue et je me suis dit que ce pourrait être une belle idée, d’autant qu’il n’y a pas tant de sujets qui tournent autour de lui. Et lorsque j’écris un livre, une pièce de théâtre, un scénario, je cherche des sujets qui ne se sont pas trop faits, j’ai envie de faire quelque chose d’original et qui soit toujours relié à la vie de tous les jours, afin que le public, quel qu’il soit, se retrouve dans l’histoire. C’est en fait une comédie réaliste mais aussi très romantique. Je la considère comme un oignon que l’on pèle peau par peau et dont on découvre à chaque fois un bout de la personnalité des personnages. Pourquoi Jacques est-il si bourru, si ours, si solitaire ? Pourquoi Hortense fait-elle autant de choses avec autant d’énergie jusqu’à s’oublier ? Parce que chez chacun d’eux il y a une faille à découvrir… après chaque pelure d’oignon !
Isabelle, vous avez beaucoup insisté auprès d’Ivan pour que le film se fasse ?
Oui, je savais qu’il pouvait le faire ! Et puis, il y a eu une telle osmose entre nous durant la pièce, osmose aussi d’ailleurs avec le public, que je me suis dit : « Ça ne peut pas se terminer ainsi ». Nous étions devenus comme les doigts d’une main, nous étions souvent ensemble, je me souviens de ces repas que nous prenions tous les samedis entre chaque représentations, car nous jouions deux fois ce jour-là… Ça ne pouvait pas se terminer ainsi. D’ailleurs, lorsqu’on s’est retrouvé tous ensemble sur le tournage, ça a été un pur bonheur.
Jacques Brachet