Jean-Marc Avrilla – L’École d’art, point de départ d’un long voyage.
ARTS PLASTIQUES
The New Grand Tour – Eurofrabrique – Paris au Grand Palais Ephémère
Du 7 au 10 Février
EuroFabrique est un projet mis en place par la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais, l’École des Arts Décoratifs et l’Association nationale des écoles supérieures d’art, qui associe trente-cinq écoles d’art françaises et européennes. L’ESADTPM y participe, en binôme avec une école d’art tchèque, avec un projet sur le thème de l langue, intitulé « The New Grand Tour ». Son directeur nous le présente.
Comment s’est fait ce choix de collaboration avec une école tchèque ?
Je connais bien l’académie de Prague, j’ai déjà travaillé avec eux auparavant. C’est une école avec laquelle nous sommes en convention pour des échanges depuis un an et avec laquelle j’aimerais développer des liens plus importants. Quand j’ai vu l’appel à projet en avril dernier, je me suis dit que c’était l’occasion de mettre en musique le lien que je voulais développer avec eux. Ils fonctionnent avec des artistes responsables d’atelier alors que nous, on a un fonctionnement ouvert où les étudiants passent par différentes pratiques. Là-bas, il y a une scène artistique différente, avec beaucoup de performances, d’installations, un peu de peinture… Des similarités, mais une grande différence : celle de nos histoires. Celles du XVIIIème siècle, ou de la deuxième moitié du XXème avec le communisme. Nous ne nous sommes pas développés de la même manière. Il y a aussi chez eux une proximité avec le monde anglo-saxon et c’est intéressant pour nos étudiants.
Comment en êtes-vous venus à choisir le thème de la langue ?
C’est à la fois lié au tchèque qui est une langue très sophistiquée et difficile, peu parlée en France, mais aussi plus généralement à la thématique de la langue dans l’Union Européenne. Nous avons vingt-neuf langues officielles et plus de soixante non-officielles. Ce qui explique nos difficultés de communication et de compréhension. On peut réfléchir à ce que ça peut induire en termes de malentendus, aux sens propres et figurés. Il y a aussi la polémique de l’anglais, car même avec le Brexit, cela reste la langue la plus utilisée. Tout cela nous semblait un point de départ intéressant, un nœud entre les peuples européens.
Pourquoi avoir nommé ce projet « The New Grand Tour » ?
Il fallait choisir un titre que tout le monde puisse comprendre. Avec cette multitude de langues, j’ai tout de suite pensé à ces voyages des jeunes élites en Europe du XVIème au XVIIIème siècle et à leurs circulations. Ils avaient trois objectifs : la connaissance de l’art et des cultures, la circulation des idées et la découverte des avantages politiques des uns et des autres. C’est un continent où nous sommes tous très engagés dans des réflexions sur notre construction. L’idée est que la première étape se fasse à Paris, puis la deuxième à Prague à l’automne, de la même manière que la République Tchèque prendra le relais de la France à la présidence du Conseil de l’UE. Nous pourrons imaginer d’autres étapes par la suite.
Olivier Gassie et Patrick Sirot qui enseignent dans votre école ont choisi de faire travailler les étudiants sur un même matériau : le papier…
Dans le pitch du projet, il fallait partir du son de la langue, de la difficulté à comprendre. On a basculé sur quelque chose que Patrick connaît bien : la poésie sonore. Le papier permet de faire du bruit, c’est abordable et transportable. Nos moyens sont limités et le papier est low-tech, économique et durable.
Que se passera-t-il au Grand Palais Éphémère ?
Ce ne sera pas une exposition, mais un workshop avec les trente-cinq écoles et quatre cents étudiants. Les deux premiers jours seront consacrés à la mise en place, ils vont interagir, faire des performances, des dessins, un petit programme de création, voir ce qui fonctionne. Les deux groupes seront ensemble physiquement pour la première fois. Puis une journée de masterclass avec des invités liés à l’Europe. Le dernier jour sera la rencontre avec le public.
Maureen Gontier
Février 2022