JEAN-PAUL THUILLIER ET SÉBASTIEN NADOT – Le sport à travers l’histoire.

>> Exposition « Défis et Sports » du 16 décembre 2023 au 24 mars 2024 à l’HDE Var à Draguignan.

L’Hôtel départemental des expositions du Var offre un prélude aux Jeux olympiques de Paris avec son exposition « Défis et sports, de l’Antiquité à la Renaissance ». Labellisée Olympiade culturelle Paris 2024, elle entend explorer le rôle du sport dans la société antique et médiévale. « Car le sport est, et a toujours été, un objet extrêmement important et attractif, culturellement parlant », insistent Jean
Paul Thuillier et Sébastien Nadot, les commissaires de l’exposition.

Comment est née cette exposition ?

J.-P. T. : Ricardo Vasquez (directeur des affaires culturelles au Département du Var ndlr) m’a contacté car je suis spécialiste
du sport dans l’Antiquité. Le défi initial a été de définir le périmètre de l’exposition, le sport dans les sociétés passées, sans se limiter à la Grèce, car il n’y est pas né et ne s’y termine pas. Nous avons donc voulu explorer jusqu’au Moyen-Âge et à la Renaissance et j’ai contacté Sébastien.
S. N. : Je m’intéresse au sport dans le passé, tout particulièrement au Moyen Âge, j’ai publié deux livres sur les joutes. Dans la littérature arthurienne, le sport est très présent, on retrouve souvent Lancelot en train de combattre contre d’autres chevaliers. J’ai souhaité aborder la dimension sportive et spectaculaire de la chevalerie car comme en Grèce et à Rome, le sport est un spectacle. Et j’ai étendu jusqu’à la période de la Renaissance où les joutes sont toujours très présentes. C’est une exposition intéressante d’un point de vue scientifique mais aussi populaire, car le sport intéresse tout le monde.

Quel est le rôle du sport dans la société antique et médiévale, et en quoi celui-ci a-t-il évolué à travers les âges ?

J.-P. T. : Dans la Grèce antique, le sport jouait un rôle fondamental dans l’éducation, au même titre que dans l’art. On peut le voir dans les statues « Le Discobole » de Myron ou « L’Aurige de Delphes » que nous présenterons sous forme de moulages. À Rome, le sport prend une tournure spectaculaire avec les jeux du cirque et les courses de chars. C’est comparable au football professionnel aujourd’hui, on est déjà dans la société du spectacle. S. N. : Après le Ve siècle, on voit les jeux décliner à Rome, mais ils restent très actifs à Constantinople, jusqu’en 1205où l’hippodrome est brûlé par les croisés. Au Moyen-Âge, avec la désagrégation de l’Empire Romain et le féodalisme, le sport évolue vers des tournois et des joutes, qui deviennent des événements culturels majeurs. On observe une continuité avec l’Antiquité, notamment dans la rémunération des athlètes et le mélange de diplomatie et de compétitions sportives. Les combattants sont reconnus, payés, font l’objet de
transactions financières…

Quelles pièces marquantes va-t-on retrouver dans l’exposition ?

J-.P. T. : Nous démarrons au premier étage avec la Grèce et la mythologie, où beaucoup de héros et héroïnes se caractérisent par des exploits sportifs. Nous montrons « L’Arc d’Ulysse », un tableau original de Buffet, une stèle de Discobole, chef d’œuvre prêté par le Musée d’Athènes et de très belles céramiques dont celle de l’affiche. Nous présentons également des fresques étrusques représentant des athlètes et des courses de chars. Pour le monde romain, toute une série de bas-reliefs représentant des courses de chars, des statues représentant des athlètes. Nous avons obtenu du musée archéologique de Rome un moulage superbe du « Pugiliste des Thermes », un grand chef-d’œuvre. Et de nombreuses autres œuvres comme cette statuette étrusque qui  montre un sauteur en longueur, qui saute sans élan. S. N. : La transition vers la période médiévale débute dans une première salle qui offre un aperçu de l’univers médiéval à travers la figure emblématique du chevalier. Un coffret en ivoire, originaire de Constantinople, attire l’attention avec un côté représentant un char et de l’autre trois cavaliers sortant lance sous le bras d’une forteresse. La mise en scène se poursuit avec trois manuscrits réunis en un seul, comportant quatorze enluminures, dont des combats de Perceval et Lancelot. Quatre de ces images sont animées sur grand écran. Nous y trouvons aussi un Armorial des chevaliers de la Table Ronde ayant appartenu à Marie-Antoinette. Au dernier étage, une mise en scène met en opposition l’armure d’un combattant à pied et un fac-similé bien réalisé. Nous présentons aussi une balle datant du XIIIe siècle, des casques de joute, un vitrail provenant du Camp du Drap d’Or, une tapisserie montrant une scène de tournoi…Et nous terminons avec le romantisme des esquisses d’inspiration médiévale d’Eugène Delacroix, et un poème de Victor Hugo intitulé « Le pas d’armes du roi Jean », mis en musique par Camille Saint-Saens, que le public pourra écouter dans une version enregistrée pour l’exposition.

F. Lo Piccolo.

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