Joshua Leterreux – Du manuel au virtuel

DESSIN NUMERIQUE ET INSTALLATION SONORE

Pendant ses études à l’ESADTPM, Joshua Leterreux crée avec des artistes de Rouen le collectif Mastic. Aujourd’hui implanté à Marseille, il s’adonne librement à la création de dessins, de vidéos et de dispositifs sonores assisté par son ordinateur.

Tu travailles sur des expérimentations sonores et vidéos assistées par ordinateur, qu’est ce qui t’a amené à t’intéresser au virtuel ?

Mon intérêt pour le virtuel est venu principalement de mes vidéos, dérivé de l’une de mes pratiques principales qu’est le dessin. Je voulais faire de plus grands formats, donner une nouvelle visibilité à mon travail et les introduire dans des installations pour sortir des supports traditionnels comme la feuille et le tableau. De là je me suis intéressé à l’animation en stop-motion (dessin par dessin) pour toujours avoir une pratique assez analogique, assez physique dans mes créations. J’ai ensuite associé cette démarche à des animations 3D en me servant de différents logiciels comme Blender et Unity. Mes dessins sont donc peu à peu devenus des montages vidéo associant l’animation manuelle à l’animation virtuelle. Je m’intéresse de plus en plus à comment introduire le virtuel dans mes créations. Récemment, je me suis mis à utiliser des masques et filtres Instagram, toujours associés à la 3D. Cela m’amène dans un autre espace de l’animation, de mes personnages, du caractère.

Mettre en relation la nature et le virtuel est quelque chose de propre à ton travail plastique, comment arrives-tu à restituer cela grâce à ton art ? 

Pour moi, dans la nature et le virtuel, il y a comme un effet de miroir : lorsque je travaille la 3D, je trouve énormément d’inspiration dans les forêts, les montagnes et j’essaie de représenter ces environnements autant par le numérique que de manière sonore. Ma pratique de la 3D et de l’animation est énormément basée sur le fait de créer des espaces virtuels inspirés de la nature et surtout de lieux où j’ai souvent été en groupe, en communauté. Pour mon mémoire à l’ESADTPM, je me suis interrogé sur les lieux et les moments qui ont été importants pour moi, ça m’a amené à me demander comment on reconstruit un endroit via les dispositifs sonores. Quels sont les sons et les instants mémorables propres à ces endroits ?  Comment peut-on les créer ou plutôt les recréer virtuellement ? Qu’est-ce qu’ont fait ces lieux pour rendre ces moments importants ?

D’où vient ton style graphique ?

J’ai du mal à faire quelque chose de réaliste, j’ai tendance à dénaturer, à ne pas rester dans la représentation. Au début j’étais très inspiré par des dessinateurs japonais comme Yuchi Yokayama par exemple, ou Sergio Toppi qui travaille à la plume comme je peux le faire aussi. Je pense qu’aujourd’hui j’ai beaucoup évolué dans ma pratique, à force je n’y réfléchis plus trop.

Tu as travaillé d’abord à Rouen avant d’arriver à l’ESADTPM, qu’est-ce que cette nouvelle école t’a apporté, à toi personnellement et à ta pratique ?

Déjà le fait de changer de lieu, de cursus, de gens avec qui on interagit c’est quelque chose d’important quand on est aux Beaux-Arts. Je pense que ça m’a permis de concrétiser mon rapport à certains outils que j’utilisais comme le latex et le son. Le fait de confronter sa vision avec d’autres étudiants qui utilisent des outils similaires pour des choses différentes, ça permet de grandir en échangeant et en apprenant avec eux. On se donne des conseils, on s’influence les uns les autres. Aujourd’hui ces étudiants sont devenus des personnes avec lesquelles je monte des projets. Pour moi c’est ce qui est le plus important : l’interaction et surtout la vision à long terme que ça nous donne.

Valentin Calais

BIOGRAPHIE

Né à Tarbes(65) en 1995, Joshua leterreux obtient son DNSEP à Toulon (ESADTPM) en 2021 à la suite d’un DNA à Rouen (ESADHAR), il vit et travaille à Marseille.

Les créations sonores et l’expérimentations vidéo sont le cœur des pratiques de Joshua Leterreux. La confrontation de médiums issus de nouveaux outils numériques et de techniques analogiques est primordiale dans sa création. Cela peut prendre l’apparence d’objets sonores sous la forme d’artéfacts, peu à peu contrôlées par des entitées virtuelles. Joshua Leterreux ancre son univers autant dans le monde physique que virtuel. C’est l’essence même de son travail, permettant de créer un échange et une physicalité à des choses qui n’en ont pas la possibilité, une histoire à des choses oubliées. Ces manifestations prennent vie dans des protocoles de créations techniques et expérimentaux, représentant des bribes de souvenirs et d’événements. Du field recording à l’animation stop-motion, ces créations et protocoles  sont ancrées dans un univers cryptique propre à lui.