Julien Veyssade Ludovic Corseau – Rêve d’îles

Julien, à travers ses illustrations, représente son environnement, et en tant que hyérois, ce sont souvent de magnifiques vues des îles alentour. Ludovic, quant à lui, est un ancien tatoueur, amoureux d’Hawaï et d’autres îles lointaines, ce qui influence ses sculptures en bois, souvent proches de l’art tribal. Ils exposeront ensemble en août à la galerie Cravéro.

Quelles sont les spécificités de vos œuvres ?
J.V. : Je travaille dans le numérique depuis vingt ans. J’ai découvert il y a quatre ans un logiciel d’illustration et j’ai réalisé mon premier dessin, une mouette sur le toit de la Villa Noailles, pour me faire plaisir. Mais les gens la voulaient ! Alors je me suis retrouvé à imprimer des affiches… J’ai un style assez simple, assez stylisé. Je n’ai pas une énorme collection d’œuvres, car je m’y consacre sur mon temps libre et selon mon inspiration. Je marche au coup de cœur, je ne fais pas de commande par exemple. Cela m’a surtout permis de faire de nombreuses rencontres. J’ai un seul point de vente, à Giens, Merci Marius. C’est important de pouvoir voir les œuvres imprimées. Quand les gens les voient, ils repartent avec, c’est un achat coup de cœur. Je fais les impressions chez Marius Bar à Toulon, en local, avec des encres pigmentaires et sur du papier naturel. Je ne veux pas faire de grands tirages, ce sont des affiches d’art, numérotées et signées. Cela m’a permis de découvrir de nombreux lieux également. On m’envoie des photos de mes œuvres en situation à Paris, à la montagne, c’est génial. Ce qui me manque, c’est du temps pour en créer plus. Mais je n’ai pas de pression… enfin là si, un peu, car il faut que je crée de nouvelles œuvres pour cette expo !
L.C. : J’aime le bois depuis toujours. Mon intention était de créer des œuvres d’art en bois recyclé, j’ai donc choisi d’anciennes poutres de charpente auxquelles je redonne vie. J’adore la culture hawaiienne et ce qui vient des îles en général. J’aime leur façon de penser, leur respect de la nature… Je n’ai pas copié leur art mais m’en suis inspiré, de leur représentation des visages notamment. Mes pièces sont souvent des hommages à la nature, ma sculpture « Résurrection » par exemple en est un à la forêt des Maures. Cela fait deux ans que je me consacre à temps plein à mes sculptures. Je suis dans mon atelier, j’aime créer. Je rends aussi hommage à mon ancien métier, le tatouage, j’ai réalisé un dermographe géant par exemple. J’ai toujours dessiné, et j’ai exercé ce métier pendant dix-huit ans. Mais j’avais envie de passer au volume.

Comment créez-vous ?
L.C. : Selon mon état d’esprit et mon ressenti du moment. Je regarde le bois, on se parle… et après c’est à coup de tronçonneuse et de disqueuse ! J’utilise selon le travail à réaliser des chaines de différentes tailles. Là je suis en train d’essayer de créer un grand ours dans un tronc d’eucalyptus, mais c’est un bois très dur, difficile à
travailler.
J.V. : Moi, c’est un lieu, un moment que j’apprécie, une situation… Je vais essayer de convertir cela en dessin, en espérant que celui-ci plaira à d’autres. J’ai dessiné le Saint-Christophe, le bateau-citerne qui amène l’eau à Porquerolles. Je l’ai vu passer, la nuit, sous la lune, et j’ai représenté ce moment. Je me disais que c’était uniquement pour moi…. Et j’ai rencontré peu après une dame qui avait un ami qui travaillait sur le Saint-Christophe ! Idem pour la représentation de mon paddle, sur l’eau cristalline, à l’Almanarre. Je ne sais pas si ces œuvres vont continuer à plaire à l’heure de l’intelligence artificielle, alors que l’on peut réaliser cela sur ChatGPT. Mais je peux aussi faire certaines œuvres mixtes, avec de l’impression et du dessin par-dessus, c’est déjà plus difficile à imiter.

Qu’est-ce que vous pensez exposer à la Galerie Cravéro ?
J.V. : Des visuels autour des îles mais aussi des représentations du Pradet : la Garonne, la place Flamencq, peut être l’église, et de l’impression numérique réhaussée de dessin…
L.C. : Le dermographe, un grand totem hommage au chêne liège, un mange-debout tribal réalisé dans des vieilles poutres qui ont porté des bateaux à l’arsenal, entre autres. J’aimerais que mon travail soit reconnu par les habitants de ces îles que j’adore. Quand j’ai une envie je la réalise, c’est un risque mais aussi un bel avantage, je n’ai pas de limitation.

Fabrice Lo Piccolo

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