K-PLAN – Une musique cinématographique

>> Mardi 7 novembre à 20h30 au Théâtre du Rocher à La Garde

Le groupe K-Plan est adepte de ciné-concerts et habitué du FiMé puisqu’ils y ont déjà joué deux fois auparavant. Cette fois-ci, ils nous proposent un ciné-concert sur un classique de Buster Keaton, « La Croisière du Navigator », jamais proposé dans le festival. Guigou Chenevier, le percussionniste, nous présente leur travail de composition.

Type de musique
Musique amplifiée et inclassable.

Membres du groupe
Lambert Angeli : guitare, basse, clavier,
Guigou Chenevier : batterie, marimba, objets sonores,
Guillaume Saurel : violoncelle, ukulélé, basse, sampler.

Souvenir de ciné-concert
L’un des moments les plus mémorables que nous avons vécu concerne notre travail sur « Les Rapaces » d’Eric Von Stroheim. Lorsque nous avons entrepris ce projet, le film n’existait qu’en format 35 mm, il n’était pas encore disponible en version numérique. Grâce à un accord avec Warner, nous avons eu la chance de recevoir une copie en 35 mm qui n’avait jamais été utilisée auparavant. Nous avons présenté cette rareté cinématographique dans une salle de cinéma, avec un ciné-concert que nous avons particulièrement apprécié. Le film était d’une puissance incroyable, et nous avons toujours cherché des œuvres cinématographiques suffisamment fortes pour les utiliser comme point d’appui.
Un autre souvenir marquant est lié à mon travail en solo sur « Nanouk l’Esquimau ». Lors d’un ciné-concert que j’ai donné en Sardaigne, j’étais en extérieur, avec la mer en
arrière-plan. C’était magnifique.

Votre groupe, K-Plan, a créé de nombreux ciné-concerts, pouvez-vous nous expliquer ce que vous appréciez dans cet exercice ?
Le public qualifiait souvent notre musique de visuelle, évoquant des images ou ressemblant à de la musique de films. Et nous nous sommes pris au jeu. On nous fait ces remarques car notre musique ne peut être aisément étiquetée : ne pouvant être rattachée à un style précis, elle ouvre l’imaginaire. J’ai également animé des ateliers avec des musiciens au conservatoire, en explorant les liens entre les images et les sons. D’un point de vue plus global, dans le monde de l’art et de la création, toutes les contraintes provoquent de la créativité. Il faut les saisir pour créer quelque chose. Le film devient ainsi notre partition et il faut s’adapter à l’histoire. Le second aspect intéressant consiste à revisiter de grands films du cinéma, à leur redonner une seconde vie, à les montrer à des spectateurs qui ne les connaissent pas avec une partition conçue comme une musique de film contemporaine, qui actualise le film. Dans le cas de « La Croisière du Navigator », la musique que nous créons donne une ouverture sur la modernité et actualise le propos du film. D’une manière générale, la musique et les sons que nous plaçons sur une séquence modifient la perception et le sens de la scène que nous sommes en train d’illustrer.

Pourquoi avez-vous choisi « La Croisière du Navigator » pour créer un ciné-concert ?
C’est un choix assez tardif dans notre parcours et dans cette discipline. Nous avions beaucoup travaillé sur des films plutôt dramatiques et, pour changer un peu de registre, mes deux comparses avaient envie de s’attaquer au burlesque. Cependant, ce film n’est pas uniquement comique, et nous ne le traitons pas que de cette façon. Nous ne ponctuons pas chaque gag, ce n’est pas cela qui nous intéressait. Il y a un fond sombre récurrent tout au long du film, nous avons été intéressés par cet aspect. D’ailleurs, l’histoire se passe sur un paquebot qui avait servi aux États-Unis pour enfermer des prisonniers politiques avant le tournage. Ce bateau n’est pas seulement un décor, il est chargé d’histoire. Ce n’est pas que de la comédie.

Comment avez-vous travaillé et que proposez-vous pour accompagner ce ciné-concert ?
Nous travaillons ensemble depuis très longtemps et donc nous nous connaissons très bien. C’est beaucoup plus facile pour construire une véritable composition. Certains improvisent sur les films, ce qui peut aussi être passionnant, mais nous, nous préférons vraiment composer, même si nous apportons quelques variations parfois sur le moment. Nous visionnons le film de nombreuses fois et nous nous répartissons les différentes séquences que nous identifions. Chacun va composer une musique pour lui et les deux autres musiciens sur ses séquences puis nous mettons les compositions en commun, réarrangeons et retravaillons ensemble. Nous sommes trois musiciens. Guillaume joue du violoncelle, du ukulélé électrique, de la basse électrique et des claviers. Nicolas du métallophone. Quant à moi, je joue de la batterie, du marimba et j’utilise des objets sonores tels qu’une douille d’obus. Notre musique est à la fois très écrite et assez énergique et électrique. C’est une musique électrifiée, difficile à classer, qui puise dans la musique d’aujourd’hui, dans le jazz, parfois dans la musique non tonale, avec une touche de rock.

 

LA CROISIÈRE DU NAVIGATOR

DE BUSTER KEATON (1924)

Film muet – USA – N&B – 65 min.
Avec Buster Keaton, Kathryn McGuire, Frederick Vroom.

Un couple loufoque composé de Rollo Treadway, un aristocrate fainéant, et de la roturière Betsy se retrouve seul à bord d’un navire à la dérive. La demoiselle a récemment écarté une demande en mariage du jeune homme. Dès lors, ils s’organisent pour survivre loin de leurs domestiques et du confort, enchaînant les situations rocambolesques jusqu’à jeter l’ancre près des côtes d’une île pas si déserte qu’elle n’y paraît.

En Savoir +