Léo Fourdrinier – La tête dans les étoiles
Léo est un explorateur. Toujours à la recherche de la nouvelle inspiration, de la nouvelle énergie, cet artiste qui ne tient pas en place nous dévoile exposition après exposition son monde mêlant croyances mythologiques et psychoses. S’inspirant de son environnement et des rencontres qu’il fait lors de ses nombreux déplacements, ses œuvres défient notre entendement. Que faudrait-il lui présenter pour l’empêcher de créer ?
Quelles œuvres vas-tu présenter dans ton exposition « Pulse » à la galerie l’Axolotl ?
Je suis arrivé au Port des Créateurs en novembre pour deux mois de résidence. Pour ce projet, j’étais en correspondance avec Arthur LeSaux, un astrophysicien d’Exeter en Angleterre. Julien Carbone, qui m’accueille au Port des Créateurs, m’a également proposé cette exposition à l’Axolotl, pour présenter toutes mes productions réalisées pendant la résidence. La thématique est « Arts, sciences et nouvelles technologies ». Mais, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, je n’utilise pas de matériaux issus des nouvelles technologies, ou de numérique. En fait, je me suis basé sur les recherches théoriques d’Arthur. J’y ai cherché une source poétique, qui me toucherait, pour déterminer quel genre de matériaux utiliser et comment les travailler. Dans son laboratoire, par exemple, l’observation des étoiles est faite via le satellite Kepler. J’ai utilisé certaines de ces données transmises par le satellite dans mon travail. Comme ces diagrammes que j’ai fait graver sur du marbre. Ce n’est pas forcément une matière que l’on s’attend à voir lorsque l’on parle de « nouvelles technologies », mais les minéraux m’ont toujours intéressé parce qu’on sait qu’ils gardent certaines données.
Quel a été l’avantage de cette correspondance avec Arthur LeSaux pour ton exposition ?
Arthur étudie un certain type d’étoiles présentant des anomalies de vibration lumineuse qu’on appelle « les étoiles déprimées ». La poésie évoquée par le nom m’a tout de suite inspiré. L’idée d’attribuer une émotion à une étoile pour souligner son anomalie est surprenante. Ces étoiles déprimées, en général, sont vieilles et pulsantes. Quand l’une d’elle vieillit, elle grossit et devient rouge. Le titre « Pulse » correspond aux travaux d’Arthur, à la pulsation des étoiles. Cela reprend aussi ma façon de travailler, de produire des œuvres, de réagir face aux matériaux… Je suis souvent guidé par mes émotions, des émotions pulsantes. C’était également un choix permettant de ne pas appeler l’exposition « Les Étoiles Déprimées », de garder un nom plus mystérieux.
Des particularités pour cette exposition ?
Je pense que c’est important qu’il y ait une évolution, car l’exposition dure trois mois et je n’aime pas les choses figées. C’est une exposition personnelle dans laquelle je présente mon travail. Mais j’aime aussi travailler en collectif ou en duo : nous utiliserons donc une partie de l’Axolotl pour proposer une exposition collective, dont je serai le commissaire. Différents artistes seront invités pour proposer des œuvres en dialogue avec ces recherches sur les étoiles. Ca va s’appeler « Pulse System » à l’instar du système solaire. Pour finir, nous allons proposer la soundtrack de l’expo. Je parle d’oscillations et de fréquences, des termes que l’on retrouve en musique. J’ai donc pensé à créer une partie musicale. Arthur m’avait fait écouter le son d’une étoile mourante, représenté par des ondes lumineuses. Je trouvais judicieux de prendre cela comme matière première, et je l’ai proposée à trois groupes de musique : Marbre et Bara Bandai, des toulonnais et Adhémar, de Bruxelles. Je sais qu’ils en feront quelque chose de génial. Tout ça sera édité en vinyle, en collaboration avec le studio A2, qui s’occupera du graphisme et de l’objet. En tout cas, ce sera une exposition « Romantique et sexy » !