Leos Ator & Virginie Sanna – Un dénominateur commun.

Exposition « Fractions » du 1er avril au 7 mai à la Batterie du Cap Nègre à Six-Fours

Avec deux univers artistiques et conceptuels bien distincts au premier abord, Leos Ator et Virginie Sanna ont décidé de confronter et lier ensemble leurs démarches abstraites vers une expérience ontologique subtile.

 

Comment s’est créée l’idée de travailler ensemble au Pôle Arts Plastiques de Six-Fours ?
V.S. : Cela s’appelle maintenant Carré d’Arts car on trouve quatre lieux d’exposition à Six-Fours. J’avais déjà travaillé à la Maison du Patrimoine à l’été 2019 sur une exposition intitulée « Blocs « , avec la Collection de peinture de la Villa Tamaris. J’ai rencontré Leos pendant le festival Vrrraiment 2020, il intervenait en tant que musicien pour une performance de dessin et on avait échangé sur les points communs de nos démarches. Ça nous a donné envie de proposer une exposition à la Batterie du Cap Nègre. Cette exposition sera donc notre premier travail en commun. Le titre de l’exposition et de son édition est « Fractions » et cette expérience va se poursuivre au mois de juin à la Galerie Le Garage à Lorgues.

Comment avez-vous imaginé la scénographie de votre exposition ?
L.A. : La Batterie est un lieu atypique composé de deux étages. On travaille depuis un an sur une installation sculpturale commune destinée au centre du sous-sol dans lequel il y a peu d’espaces d’accrochage. Nous aurons chacun un mur avec nos productions respectives créées pour l’occasion : de mon côté mes photographies et du sien, ses dessins. Nous avons travaillé chacun avec notre médium en relation avec l’installation commune qui est un ensemble de modules en bois qui accueillent des cubes en plâtre entiers ou fragmentés. À l’étage, nous faisons dialoguer nos deux démarches ensemble avec des œuvres que nous avions déjà réalisées séparément.

Qu’est-ce qui lie vos démarches ?
L.A. : Nous utilisons tous les deux des motifs de formes géométriques abstraites, de fissures et de fractures. Dans nos processus de création, les œuvres se composent avec une méthodologie et l’idée de la série. Je photographie en noir et blanc la variation du signe slash dans le paysage. Pour moi, c’est un signe séparateur qui hiérarchise l’information, paradoxal, statique et en équilibre dynamique. Il semble animé d’un mouvement de translation, de chute, c’est la narration d’une rupture.
V.S. : Ma démarche est assez vaste et, pour cette exposition, je me suis dirigée vers un axe en particulier. Initialement, je travaille en binôme avec une intelligence artificielle, nous sommes en quelque sorte deux auteurs. J’écris le protocole dans un programme, les contraintes, les paramètres et l’I.A. va composer avec, puis je lui réponds à nouveau. Dans cette exposition, je déconstruis un simple carré sous de multiples formes picturales ou de volumes avec un protocole pour évacuer le geste subjectif de l’artiste vers un oubli de soi. Je ne contrôle pas totalement le résultat, nécessairement empreint d’identité. Je veux que le spectateur porte attention aux subtilités et à la manière dont c’est fait.

Vous avez aussi créé une édition pour l’occasion ?
V.S. : Oui, ce sont quatre dépliants. D’un côté, deux images mêlant photographie et dessin qui partent de mon geste de sculpture, sur lequel Leos a fait un geste de composition et d’effacement et sur lequel j’ai fait à nouveau un geste de composition et de dessin. De l’autre, deux textes avec une composition graphique : un premier récit fictif que Leos a écrit, qui parle de cette collaboration et un deuxième que j’ai écrit, de façon très concrète sur les gestes.

Maureen Gontier

Six-Fours Carré d’Arts