LES DAMES DE LA JOLIETTE – Cinq voix de femmes du monde

 

Samedi 18 juin – l’Hélice – Toulon

Les Dames de La Joliette, c’est cinq voix féminines, du rythme et de la polyphonie. Des voix qui donnent la parole à ce qu’ont pu ressentir les femmes du monde. Sylvie Paz, une de ces cinq personnalités puissantes, nous en dit plus sur leur musicalité.

 

En tant que Dames de la Joliette, vous rendrez hommage à la poésie féminine du monde le samedi 18 juin. A quoi le public peut-il s’attendre ? 

 

C’est un spectacle très percussif et vocal, avec quelque chose aussi de l’ordre de la célébration. Le spectacle offre un répertoire qui donne envie de comprendre les textes que nous chantons, même s’ils sont dans d’autres langues. Les Dames de la Joliette représentent cinq personnalités vocales qui font, à elles toutes et avec cinq voix différentes, le cœur des dames. L’autre singularité de ce concert, est l’invitation des stagiaires qui ont travaillé avec nous et vont aussi venir faire des chansons. Cette proposition constitue un clin d’œil à la participation et au “pouvoir faire ensemble”. Ce qui est très important pour nous. On est aussi des enseignantes, donc la transmission pour nous est essentielle.

 

Pourquoi est-ce si important pour vous de raconter l’épopée des femmes du monde à travers vos chants et à l’aide de vos voix ?

 

C’est important parce que les paroles des femmes et poétesses sont encore mineures aujourd’hui. Au travers des siècles on s’aperçoit qu’elles ont toujours eu ce besoin de dire l’infiniment petit, et parfois, par le singulier de leur vie, ce qui peut être très universel : la douleur amoureuse, l’abandon, la lutte, l’envie de comprendre, de savoir, de rire… 

Ce sont des femmes qui ont donné du temps, et d’elles-mêmes, pour dire ce qu’elles étaient dans un monde qui n’était pas fait pour elles. Je chante, sur ces thématiques,  parce que je peux chanter et que je sais qu’un jour ma voix sera muette.

 

Votre art polyphonique invite au voyage (chansons provençale, grecque, italienne, hispanique, urbaine…), comment réussissez-vous ce mélange multilingue ?

 

C’est comme un jeu phonique et d’oreille. Mais c’est vrai qu’il y a un gros travail de compositeur qui a été fait, en prenant en compte l’avis de chacune d’entre nous. Après il y a notre travail de chacune, aussi, d’avoir amené des textes qui nous parlaient dans nos langues. Que ce soit de la poésie populaire et traditionnelle sicilienne, de la poésie kabyle, de la chanson de grandes poétesses grecques…

 

Vous avez toutes milité musicalement pour la multiculturalité….

 

On a  chacune des carrières différentes et des chemins différents mais on se retrouve dans la même vision artistique de notre monde… des femmes militantes qui mettons notre énergie d’artistes au service du “faire lien”. 

 

Pourquoi, selon vous, la musique doit-elle être multilingue ? 

 

Aujourd’hui on est dans une période de repli d’identité, alors que cette dernière est finalement toujours multiple et composite. Il n’y a pas de pureté réelle. On est fait de ces mosaïques et de ces couches multiples. On aime cette culture faite de l’apport de l’Autre.

Et ce multilingue nous intéresse, parce qu’on a pas envie de se replier sur nous, et que notre curiosité nous pousse à savoir qui est l’autre, de quelle écorce cette personne est faite. Tout nous fait nous relier à la musique, et ce n’est pas complètement explicable, c’est surtout de l’évidence. Ce sont d’abord nos racines, et puis notre cœur et ses battements. Notre philosophie aussi, puisque dans un monde comme le nôtre on a ce besoin de chanter et de faire un concert dans des situations post drame sanitaire ou post guerre, ça apporte du sens, un sens fédérateur. 

Lila Ayoldi