Lisa Jacomen et Laëtitia Roméo – Deux plasticiennes et l’horizon.

| ARTS PLASTIQUES

« de visant de sens »
Maison du Patrimoine de Six-Fours
Du 10 décembre 2021 au 30 janvier 2022

Après une résidence d’artiste de trois semaines, Lisa Jacomen et Laëtitia Romeo exposent à la Maison du Patrimoine à Six-Fours. Un espace hors du commun qui s’oriente maintenant vers l’art contemporain.

Comment a émergé cette idée de duo ?

Lisa : Avec Laëtitia, on a passé la cinquième année des Beaux-arts tous les jours face à face et à cette époque et on n’a jamais pensé à faire de collaboration. Puis Valérie Michel, une professeure responsable du Bureau des PaySAGES en Mouvement m’a parlé de cette opportunité de résidence dont Laëtitia fait maintenant partie.

Laëtitia : J’ai fait une exposition à Six-Fours cet été pour lancer le Festival de la Collégiale. Depuis quelques années, les jeunes diplômés y sont invités. Ariane Pigaglio du Pôle Arts Plastiques et Fabiola Casagrande, l’élue à la Culture de Six-Fours m’ont montré les locaux et j’ai accepté tout de suite. Le cadre est incroyable !

Qu’est-ce qui lie vos œuvres ?

Lisa : Les points communs de nos pratiques sont de l’ordre du concept, avec une appétence pour le paysage et une valeur immersive. Il y a un côté saturé en termes de motifs et la volonté d’errance du regard. On laisse toutes les deux beaucoup de place au spectateur et à sa liberté d’interprétation. J’ai choisi l’abstraction pour déjouer les chemins logiques du cerveau et créer du possible dans l’imaginaire de chacun.

Laëtitia : C’est vrai, on ne veut pas imposer une seule vision, mais multiplier les sens. Ce qui nous rassemble aussi c’est le recyclage. Lisa utilise des matériaux qu’elle trouve sur place et moi je réutilise mes motifs. J’ai un “vocabulaire de formes” que j’utilise un peu comme des mots dans des phrases. La résidence me permet de leur créer de nouveaux univers où elles sont contextualisées.

Quels aspects de vos pratiques avez-vous développé lors de votre résidence ?

Lisa : Je récupère par exemple les scotchs de masquage de zones et j’en fais d’autres peintures. Elles sont toutes déconstructibles et évolutives. Ma peinture est processuelle, mais pas dans le sens protocolaire : chaque étape détermine sa propre évolution. Le protocole me sert de point de départ, mais je m’autorise des changements de direction. Le résultat est infini, il ne se termine jamais. Mes pièces sont toujours en devenir. Je fais plutôt des grands formats et c’est vraiment une joie immense de pouvoir s’étaler. Plus j’ai de place, plus c’est grand. Dans l’atelier, on est entouré de mer de tous les côtés, à chaque fenêtre, immergé dans le lieu. Étant très attachée au territoire mediterrannéen, je fais entrer ces éléments de paysage dans ma peinture.

Laëtitia : On a l’impression d’être sur une île. Ça m’a fait penser à “L’île des morts”, un tableau d’Arnold Böcklin qui m’inspire beaucoup par sa mythologie. En particulier trois toiles et un bouquin sur lesquels j’avais envie de travailler. Cet espace me permet aussi de faire des grands formats que je ne peux pas faire chez moi et l’horizon me permet de m’échapper.

Comment se passera cette exposition ?

Laëtitia : Ce sera une proposition éphémère à deux et adaptée au lieu, une expérience de regards croisés sur l’identité forte de cet espace. On est excentré, avec une vue de dingue, mais c’est surtout intéressant, de donner une vision contemporaine et personnelle d’un lieu ancien. En tant qu’artistes, on soutient la volonté de la Maison du Patrimoine d’introduire l’art contemporain auprès du public six-fournais. Nos pratiques sont accessibles à tout le monde, assez pop et c’est une bonne porte d’entrée à l’art contemporain.

Maureen Gontier.

Décembre 2021