Lucas Andrieu – Défendre un théâtre créatif et vivant.

Festival de théâtre de Solliès-Pont du 20 au 23 mars

Le Festival de Théâtre de Solliès-Pont revient pour une deuxième édition prometteuse. Son directeur tire un bilan enthousiaste de l’an dernier et dévoile une programmation riche, entre humour, thriller et créations originales. 

L’an dernier, tu lançais la première édition du festival. Quel bilan en tires-tu ?

On est très contents ! On espérait une belle réaction du public, mais on ne s’attendait pas à un tel engouement. C’était une découverte pour nous aussi, même si on avait déjà participé à d’autres festivals, ce format-là, à Solliès-Pont, était une première. Le public était ravi de découvrir des pièces jouées à Avignon ou à Paris, ici, dans le Var. Cette année, on sent une vraie dynamique : on a déjà battu les scores de billetterie de l’an dernier !

Comment as-tu construit la programmation cette année ?

C’est un vrai travail de programmateur. J’ai vu énormément de spectacles, notamment à Avignon, pour créer une sélection qui ait du sens et une cohérence. Certaines pièces que j’adorais n’ont pas été retenues, parce que je voulais avant tout une diversité de styles et d’émotions. L’idée, c’est de faire voyager le public, du rire à l’émotion, en passant par le suspense et l’absurde.

Quels sont les spectacles de cette édition ?

On ouvre le festival avec « Que faire des cons ? » de Sandra Colombo, un spectacle hors compétition, précédé d’une cérémonie d’ouverture. On voulait une dose d’humour pour débuter, et le one-woman-show de Sandra, qui est apparue plus de cinquante fois dans « On n’demande qu’à en rire », est parfait pour ça ! Le vendredi, place à « La femme qui voulait juste faire un gâteau au citron », une de mes créations, avec Prisca Demarez, Prix du Jury l’an dernier. L’ambition de cette femme ? Faire un gâteau au citron. Pourquoi on vous raconte ça ? C’est une bonne question. Le samedi, on joue « La Jeune Fille et la Mort », un thriller intense mis en scène par Stéphane Batlle (« Une Vie sur mesure »). C’est une adaptation d’une pièce culte d’Ariel Dorfman, déjà portée au cinéma avec Sigourney Weaver et Ben Kingsley. Le même soir « Bienvenue dans le secteur 28 », une autre de mes créations, parle d’une créatrice de contenu victime de cyberharcèlement, qui se retrouve plongée dans un monde absurde et joyeux, reflet de sa dépression. L’idée, c’était de traiter le sujet avec une certaine légèreté, et beaucoup comparent l’univers à un film Pixar. Sur scène, on est trois : Laëtitia Strus, Olivier Troyon et moi. Dimanche, « Denise Jardinière vous invite chez elle » prendra le relais. Ce spectacle a été élu deux fois meilleur spectacle du Off d’Avignon, et franchement, c’est une pépite : original, drôle, déconcertant, impossible à décrire mais totalement captivant. Et pour finir en beauté, on clôture avec « Michel et Claude », la rencontre fictive entre Michel Polnareff et Claude François, qui doivent écrire une chanson ensemble en une heure. S’ils échouent, Claude sera électrocuté et Polnareff… deviendra un con. C’est drôle, intelligent, les comédiens habitent leurs personnages, et c’est parfait juste avant la cérémonie de remise des prix qui est gratuite !

D’où vient ton amour du théâtre et quel théâtre défends-tu ?

Je suis passionné de création. Voir une idée naître de rien et devenir un spectacle, ça me fait vibrer. Ce que je préfère, c’est le processus créatif. Une fois un projet monté, j’ai besoin d’en lancer un autre. C’est ce théâtre-là que je veux défendre : un théâtre créatif et vivant. Toutes les pièces du festival sont des créations, sauf « La Jeune Fille et la Mort », mais cette version est très différente. Et tous les auteurs seront là, sauf Ariel Dorfman, bien sûr. L’idée, c’est vraiment de soutenir la création contemporaine.

Fabrice Lo Piccolo