Lydie Marchi – Une expo qui donne le cheese.

ARTS PLASTIQUE 

Nicolas Boulard – « Cheese Museum » CAC Châteauvert 

du 4 Février au 19 Juin

Après avoir notamment travaillé à la Fondation Maeght, co-présidé le réseau Marseille Expos et cofondé le salon de dessin PARÉIDOLIE, Lydie Marchi nous présente l’un de ses premiers commissariats d’exposition au sein du CACC.

Tu diriges le centre d’art contemporain de Châteauvert depuis deux ans, qu’as- tu voulu mettre en avant dans ce lieu ?

Il y avait plusieurs désirs. Celui de présenter des projets qui aient un sens dans le contexte d’une petite commune en ruralité avec ses habitants et ses visiteurs extérieurs. Le fait aussi de se concentrer sur deux expositions assez longues par an, presque totalement produites par le centre d’art en dehors de quelques pièces empruntées. Et enfin, la mise en place d’un festival au mois de juillet “Bienvenue au jardin”, avec un titre volontairement engageant. Nous souhaitons élargir nos publics. Ainsi, depuis quelques mois, nous travaillons avec plus de groupes de santé mentale, plus de centres de loisirs qu’auparavant. Nous avons vraiment envie que cet endroit, fabuleux, soit pour tous, visiteurs individuels ou groupes. Notre projet s’affine également avec l’ambition de développer des projets à l’échelle des vingt-huit communes de l’agglomération Provence Verte. Nous souhaitons développer des résidences dans les communes, des ateliers d’art contemporain à l’extérieur notamment dans le réseau de médiathèques et une micro-artothèque. Si tu ne peux pas venir au centre d’art, le
centre d’art vient à toi !

Cette année tu as choisi d’exposer Nicolas Boulard, pourquoi cet artiste ? Que pourrons-nous y voir ?

Je l’ai rencontré fortuitement suite à notre appel à candidature pour nos résidences en 2020, même si j’avais déjà vu certaines de ces œuvres dans des expositions collectives. Il est venu un mois en résidence juste avant le second confinement. C’est à la fois un coup de cœur esthétique, intellectuel. Mais aussi un coup de cœur pour le personnage. C’est quelqu’un qui vient de la campagne. Il a une réelle connaissance du milieu rural. C’était juste une évidence. Il a commencé par travailler et écrire une épopée sur l’huile d’olive ici suite au projet que lui avait commandé le Mucem pour l’exposition Le Grand Mezze (son nuancier d’Huiles d’olives y est toujours à découvrir)et a rencontré énormément de producteurs. Mais, là, le projet de cette exposition est de transformer le centre d’art en Cheese Museum, un musée éphémère. On transforme le bâtiment avec une immense bâche imprimée d’emmental en référence à la couverture du catalogue First papers of surrealism réalisé par André Breton pour la première exposition des surréalistes à N-Y-C en 1942. On emprunte également une quarantaine d’objets au Mucem issus de leur collection traditions populaires de production alimentaire. Objets qui enrichissent le propos du Cheese Museum. Par ailleurs, Nicolas Boulard a réalisé de nombreuses nouvelles œuvres pour cette exposition dont de superbes tapisseries en feutre réalisées à partir de l’image du pe- nicillium se diffusant dans une tranche de roquefort. Il y a beaucoup d’humour, mais aussi de sérieux dans ses œuvres. L’art est pour lui une pratique de la transition. C’est une méthodologie de travail, une façon d’imaginer les choses et de se positionner dans la vie. Il n’est pas exclu que par la suite nous développions de nouveaux projets ensemble. J’aime travailler sur le long terme avec les artistes, j’apprécie la notion de compagnonnage et je pense que nous sommes partis sur une relation longue durée !

Maureen Gontier

Février 2022