Marie Delhaye – Entre lumière et vie, l’ombre d’une Créature.

>> « Frankenstein », au Pôle au Revest-LesEaux le 10 janvier et à l’Auditorium Pôle Chabran à Draguignan le 14 janvier

La compagnie Les Karyatides revisite le mythe de Frankenstein avec une approche innovante. Marie Delhaye et ses complices transforment ce grand classique en une expérience sensorielle où les objets prennent vie, offrant au spectateur une immersion poétique et visuelle dans l’univers de Mary Shelley.

Pouvez-vous nous raconter la naissance de la compagnie Les Karyatides et ce qui la distingue dans le paysage théâtral ?
Elle est née de la rencontre avec Karine Birgé au Conservatoire royal de Liège. Nous avons partagé un goût pour un théâtre visuel, celui du théâtre d’objets, qui permet de raconter des histoires tout en laissant une grande liberté d’interprétation au spectateur. Nous avons été influencées par Agnès Limbos, qui nous a conduites vers ce style. Elle nous a montrées que l’objet peut être un moyen d’expression puissant et poétique, permettant de dépasser les mots.

Comment cette pièce, qui intègre du théâtre d’objets et de la musique lyrique, a-t-elle vu le jour ?
Le projet a émergé suite à une collaboration avec l’opéra La Monnaie à Bruxelles. Nous avons choisi de revisiter l’œuvre de Mary Shelley avec notre langage : le théâtre d’objets et une musique lyrique en direct. Ce mélange de formes s’est imposé naturellement, avec une chanteuse incarnant la mère de Victor, un élément clé de la dramaturgie. C’est la première fois que nous intégrons une chanteuse dans notre travail, et ce fut une expérience très enrichissante.

Comment l’organisation des rôles se déploie-t-elle sur scène ?
À chaque représentation, quatre artistes sont présents sur scène : Cyril Briand, Karine Birgé ou moi-même, accompagnés d’une chanteuse lyrique et d’un pianiste. Nous jouons plusieurs personnages à travers des figurines, ce qui nous permet de changer de rôle avec fluidité au cours de la représentation. Avec Cyril, nous alternons pour incarner Victor, Elisabeth ou d’autres personnages. La chanteuse lyrique (en alternance), quant à elle, n’incarne que la mère de Victor, dont la présence musicale est essentielle et imprègne toute la pièce. Le pianiste, de son côté, apporte une dimension intime et puissante qui soutient l’ensemble.

Quels sont, selon vous, les messages principaux de la pièce ?
Frankenstein aborde des questions humaines et universelles : l’abandon, la quête d’identité, la science et la solitude. Ce qui est fascinant dans cette histoire, c’est la manière dont la créature, rejetée et maltraitée, devient un miroir de nos démons intérieurs. Le spectacle interroge aussi notre responsabilité envers les autres et les conséquences de nos actes. En réinterprétant cette œuvre à travers le prisme du théâtre d’objets et de la musique lyrique, nous avons voulu toucher à la fois l’intime et l’universel, invitant les spectateurs à une réflexion profonde. Vous allez jouer cette pièce à Draguignan et au Pôle au Revest.

Quel impact ces représentations auront-elles sur la diffusion de cette forme théâtrale ?
Cette tournée vise à rendre le théâtre d’objets et la musique lyrique accessibles à un large public, même au-delà des grandes capitales culturelles. À Draguignan, nous aurons l’occasion de rencontrer un public varié, ce qui est toujours enrichissant. Les représentations dans des lieux comme le Pôle, grâce à leur proximité avec le public, permettent de créer une expérience immersive et sensorielle. Nous voulons montrer que le théâtre d’objets n’est pas réservé à un public d’initiés ; il peut toucher tout le monde grâce à sa dimension visuelle, poétique et spectaculaire. C’est une manière de renouveler le lien entre le spectateur et la scène.

Julie Louis Delage

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