MARION COULOMB PÉPITA CAR – Comment parler de douleur avec douceur ?

La Boite de Pandore – 23 et 24 septembre

Comment raconter une adolescence brisée par des violences sexuelles… Combattre le silence en parlant de douleur avec douceur : c’est le combat porté par Marion Coulomb, aidée par Pépita Car à la mise en scène.

Vous avez effectué deux résidences au PÔLE, qu’avez-vous travaillé ?

Marion : La première date d’il y a plus d’un an, nous étions encore sur l’écriture, on testait des saynètes et on a créé un extrait en sortie de résidence d’environ cinq minutes. Cette année, nous étions beaucoup plus avancées dans le travail, on a continué l’écriture sur le plateau et on a validé certaines scènes.

Pépita : Nous avons construit le spectacle en plusieurs épisodes et lors de chaque résidence, au PÔLE ou ailleurs, on travaillait chaque épisode séparément, comme une série. Pendant la première résidence, nous avons travaillé un épisode en particulier que l’on a présenté ensuite devant l’équipe du PÔLE et le public. La deuxième fois, nous avons travaillé sur plusieurs parties en même temps…

LE PÔLE suit la compagnie Attention Fragile depuis plus de vingt ans, parlez-nous de votre collaboration.

M : Nous sommes arrivées assez récemment dans la compagnie, mais je sais qu’ils ont monté une “école fragile”, avec beaucoup d’interventions sociales et artistiques c’est ce qui a relié les deux “entités” depuis plus de vingt ans. D’ailleurs nous proposerons des ateliers avec des collégiens et collégiennes afin d’impliquer au maximum le public dans notre spectacle !

Marion, le spectacle raconte votre viol à votre adolescence, comment arrive-t-on à parler d’un sujet aussi intime à travers le cirque ?

M : C’est un processus assez long et c’est vraiment la question. Pour nous aider à y répondre on a réalisé des interviews avec des questions comme “Est-ce que pour vous le mot viol est tabou ?“. On récolte des témoignages, on fait des interviews des équipes des théâtres, lors d’ateliers avec des jeunes, puis on retourne au plateau avec cette matière pour essayer de répondre à ces questions : comment parle-t-on d’un sujet tabou ? Qu’est ce qu’on dit, qu’est-ce qu’on ne dit pas ? Comment parler de douleur avec douceur? Comment rester debout, vivante et à quel prix ?

Pépita comment s’est passée la rencontre avec Marion ?

P : J’ai rencontré Marion de façon virtuelle car j’étais en confinement avec Gilles Cailleau, le directeur et metteur en scène de la compagnie. C’est lui qui devait accompagner Marion sur ce projet mais il a été nommé directeur d’un théâtre à la Réunion. Il m’a envoyé une boîte numérique qui contenait de nombreux textes de Marion sur son histoire, des moments allant de son enfance à l’âge adulte, des dessins d’elle, des musiques qu’elle avait enregistrées. Gilles les avait répertoriés et j’ai découvert Marion petit à petit en ouvrant un fichier après l’autre. Puis nous nous sommes rencontrées en Belgique.

Comment avez-vous choisi la musique pour le spectacle ?

M : C’est beaucoup de mes compositions dans lesquelles, je me suis laissée porter. J’ai aussi travaillé avec un musicien qui m’a aidé à recomposer et à créer un ensemble sonore avec du lien entre les musiques…

P : L’une des “contraintes” que l’on s’est fixées était de parler de l’enfance, de l’adolescence et de l’âge adulte. Les musiques devaient retranscrire ces ambiances. On a aussi utilisé de la musique que Marion écoutait pendant son adolescence comme Nirvana.

Narjes Ben Hamouda

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