Mathieu Tazo – Road trip vers Woodstock
>> Dernière chanson avant l’oubli – en librairies
Mathieu est toulonnais d’origine mais vit à New York depuis quinze ans. Son quatrième roman « Dernière chanson avant l’oubli » est un road trip qui revient sur les cinquante dernières années de l’histoire de l’Amérique, et notamment sur le mouvement hippie, à travers des personnages hauts en couleurs.
Peux-tu nous raconter comment l’histoire a pris forme à partir d’une expérience personnelle ?
Tout a commencé à la fin mai 2019 lorsque je devais me rendre dans les Catskills, dans l’État de New York. Alors que je conduisais vers Woodstock, une femme a essayé de monter dans ma voiture en pensant que j’étais son chauffeur Uber. Cela m’a fait réfléchir à ce qui aurait pu se passer si j’avais dit « oui ». En parallèle, j’avais découvert un article sur le métier d’acteurs de la vie privée qui comblent des vides relationnels. Mon personnage principal, Lazare, l’exerce. Une femme rentre dans sa voiture, et tout comme moi, il dit qu’il n’est pas son chauffeur. Puis on rembobine, et il dit « oui » et le roman démarre. J’ai aussi réalisé que l’année 2019 marquait les cinquante ans du festival de Woodstock, une opportunité parfaite pour un road trip explorant les cinquante dernières années d’histoire américaine et ce qu’il est advenu des idéaux hippies.
Pourquoi un road-trip ?
Ce roman est une exploration des grandes forces économiques et sociales qui ont façonné l’Amérique au fil des décennies. Bien que je ne sois pas sociologue, je trouvais intéressant de voir comment ces forces ont influencé notre société. Étant sur place, vivant à Brooklyn, j’ai une connaissance intime de cette route. Le road trip est une forme d’écriture symbolique qui va au-delà du simple voyage physique, l’idée était de remonter le temps jusqu’au Woodstock de 1969.
Parlons des personnages. Qui sont-ils et quel rôle jouent-ils dans l’histoire ?
C’est en réalité Gloria qui détient le rôle central. Elle a chanté à Woodstock en 1969, et en 2019, elle souffre d’Alzheimer. Lazare est engagé par la sœur de Gloria pour jouer le rôle de son fils. Cette dernière veut qu’il accompagne Gloria pour chanter aux commémorations de Woodstock. Cette « Dernière chanson avant l’oubli » a un double sens, pour Gloria qui a la maladie d’Alzheimer et pour cette génération hippie qui touche à sa fin.
Qu’est-ce qu’il reste du mouvement hippie selon toi ?
Le mouvement hippie s’est heurté à la réalité culturelle américaine des années 70, avec l’avènement du capitalisme et du conservatisme. Cependant, il a semé des graines qui ont trouvé écho dans le mouvement écologiste et dans un fort tissu associatif qui existe aux Etats-Unis, basé sur la solidarité. Les valeurs hippies persistent, bien que non encapsulées sous un seul mouvement.
La musique joue un rôle central dans ton roman. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
Elle est au cœur de l’histoire. Je devrais d’ailleurs créer une playlist pour accompagner le roman (rires) ! Les paroles des chansons hippies représentent un élément essentiel, un fil conducteur qui traverse le roman. On peut retrouver du Joe Cocker, du Jimi Hendrix ou des paroles des Sweetwater, le groupe de Gloria, qui a en fait réellement existé.
Quels sont tes modèles en littérature ?
J’ai quelques auteurs français qui m’inspirent, tels que Sébastien Japrisot, Romain Gary et Robert Merle. À l’étranger, Steinbeck et Hemingway sont des auteurs que j’apprécie particulièrement. Bien sûr, je ne prétends pas être à leur niveau, mais ils représentent une source d’inspiration constante.
Fabrice Lo Piccolo