Michael Busse – L’art en liberté.

 

Parrain et jury du festival

Jusqu’au 24 juillet.

Exposition « Mutations »

Galerie 15 – Rue des Arts

Toulon

Photographe et cinéaste, Michaël Busse a notamment réalisé de nombreux documentaires pour Arte. De retour à la photo depuis quelques années, il expose ses nouvelles créations à la Galerie 15 dans la Rue des Arts de Toulon. Lisa a saisi l’occasion pour lui proposer d’être le parrain de cette édition anniversaire.

Qu’est ce qui vous a encouragé à accepter d’être le parrain de l’édition 2021 du festival cinéma en liberté ?
Des amis, les dirigeants de la Galerie 15 où j’expose cet été, dont Pierre-Jean Rey, m’ont dit que c’était un événement important dans le secteur. J’ai donc répondu favorablement à l’invitation de Lisa.
Quelle est votre vision du court-métrage ?
Le court métrage est un très bon laboratoire. On n’est pas obligé de respecter un format donné, on a un maximum de liberté. On voit des choses très intéressantes dans les festivals. Sur Arte, chaîne pour laquelle j’ai beaucoup travaillé, on voyait des fims exceptionnels, de deux minutes, de six minutes, de trente minutes. C’est très divers, c’est fascinant.
Quelles pièces présentez-vous dans l’exposition à la Galerie 15 ?
Je parle du formatage grandissant existant dans tous les domaines artistiques, la littérature, la télévision etc. C’est ce que j’ai vécu dernièrement, on m’obligeait à travailler dans des formats prédéfinis. Alors je suis retourné à la photographie, et y ai retrouvé la liberté que j’avais, notamment chez Arte. Je peux développer un style personnel alors qu’aujourd’hui, en télévision on nous dit comment raconter l’histoire. Dans cette série, j’ai choisi de traiter ce formatage par l’exemple de l’architecture et de l’homme en son sein. Elle impacte de plus en plus l’être humain. Mon point de départ sont les moines du Moyen-Age qui considéraient que l’architecture avait un pouvoir plus grand que la littérature, dont la bible. C’est pour cela qu’ils ont construit les cathédrales, pour asseoir le pouvoir de l’Eglise. Aujourd’hui, on construit des banques, les promoteurs assument la même fonction : construire des monuments de pouvoir. Les immeubles ont été réduits à leurs fonctionnalités, et cette réduction a produit un style que l’on retrouve aujourd’hui dans beaucoup de villes. Les bâtiments montrés sont dans le Berlin moderne. Ce sont les service d’urbanisme de la ville qui ont créé ce style, des bâtiments avec quarante milles fenêtres, tous pareils. La fonctionnalité et la rentabilité dominent. Même l’architecture de prestige ne sert plus aujourd’hui qu’à augmenter le nombre de touristes et les revenus qui en découlent. Arles ou le Musée de Bilbao en sont de bons exemples.
Comment votre travail de photographe influence-t-il votre travail de cinéaste ?
Tout d’abord sur la composition de l’image. L’image photographique et l’image en mouvement ont des caractéristiques très différentes. En photo, une image doit, seule, raconter l’histoire. Le cinéma travaille avec une suite d’images, le montage crée la narration. Parfois, certaines images ne sont pas importantes en elles-mêmes mais font le lien, complètent l’histoire.
Que pensez-vous de Toulon ?
J’ai vécu à Paris, à Aix en Provence et aujourd’hui à Nice. La région est magnifique. Après la construction du Centre Pompidou, la Côte d’azur a perdu de son attractivité culturelle, bien qu’il reste les festivals d’été. En hiver je préfère être à Berlin, la ville est plus grande, la culture y est très attractive. Mais Toulon montre que l’on peut changer les choses. J’étais venu il y a longtemps, et là je n’ai plus du tout reconnu la ville. Le maire a compris l’importance de la culture pour le développement de sa municipalité. De nombreux endroits se sont créés. Il y a de très belles expositions, de nouveaux restaurants également. J’ai vu la même chose à Palerme avec l’arrivée d’Orlando en tant que maire, il a complètement changé la ville.

Juillet 2021