O. CASAS & M. de ROBERT – Frères sauvages : le secret dévoilé

>>Frères, en salles le 26 avril

Abandonnés en 1948 par leur mère, deux frères de cinq et sept ans s’enfuient dans la forêt où ils survivront durant sept années. Ils garderont ce secret qui les unit pendant des décennies avant que celui-ci ne les rattrapent. Invités par Pathé La Valette, nous avons rencontré Michel, le cadet de la fratrie, et Olivier Casas, le réalisateur de ce magnifique film.

Comment avez-vous eu connaissance de cette histoire ?
Olivier : J’ai rencontré Michel par un ami commun, c’était l’architecte de la bande. Un week-end on se retrouve en Ardèche chez des amis qui venaient d’emménager dans une maison dont Michel avait fait la rénovation. Je le vois s’asseoir au bord de la piscine et attraper un bout de bois qu’il se met à tailler au couteau comme un indien Cherokee. Interpellé par ce que je suis en train de voir, je m’approche de lui et lui dis : « Michel, il y a quelque chose dont tu ne m’as pas parlé… ». Il a un petit sourire et me répond : « j’ai eu une enfance un peu particulière » et c’est là qu’il me raconte l’histoire de Patrice et lui qui ont vécu pendant sept ans en forêt comme des enfants sauvages. Pour un réalisateur, découvrir une histoire comme celle-ci est un véritable trésor. C’est une histoire complètement unique et fascinante. Ce qui la rend particulière, c’est qu’elle est restée secrète pendant près de cinquante ans, ni leurs enfants ni leurs femmes n’en avaient connaissance. Dès le départ, j’ai exprimé mon désir d’adapter cette histoire au cinéma. Ce qui m’a fasciné, au-delà de la surprise de découvrir la survie de ces deux enfants, c’est le lien d’amour fraternel qu’ils ont développé au fil des années, un lien profond et inconditionnel. Quand Michel évoquait Patrice, je voyais qu’ils partageaient un amour infini, presque incroyable. C’est cela qui m’a vraiment inspiré pour faire ce film.

Est-ce que Michel a-t-il participé à l’écriture du scénario ?
Olivier : En quelque sorte. Pendant cinq ans, Michel et moi avons eu de nombreuses discussions avant que je ne commence à écrire la première ligne du scénario. Nous nous rencontrions régulièrement et j’enregistrais nos conversations pour les réécouter ensuite. Ma principale difficulté résidait dans la condensation de toute l’intensité et des histoires de Michel en un seul film. J’ai finalement écrit le scénario seul, mais ces cinq années de discussions avec lui m’ont énormément nourri et ont été essentielles.

Michel quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
Michel : Je conserve de nombreux moments fantastiques, même ceux qui n’étaient pas nécessairement joyeux étaient pleins de bonheur. Certes nous souffrions de la pluie et du froid, de carences alimentaires (qui expliqueront plus tard la stérilité de mon frère), mais d’un autre côté nous profitions d’une liberté totale dans notre cabane. Une vie d’enfants sans contraintes, punitions ou reproches…

Pourquoi ne pas en avoir parlé avant ?
Michel : Parce que ça n’appartenait qu’à nous. Quand je montais à Strasbourg retrouver Patrice, après le dîner en famille, quand tout le monde allait se coucher, nous nous retrouvions. On se prenait dans les bras, on pleurait, on s’asseyait, on fumait, on prenait une bière et on discutait toute la nuit. Nous étions transportés dans notre jeunesse, nous étions là, nous étions ensemble, nous nous remémorions des anecdotes. C’était notre manière de vivre notre bonheur.

Ce film est une manière de faire revivre Patrice ?
Michel : D’une certaine façon oui, je voulais que Patrice existe à travers quelque chose. J’ai toujours ressenti ce besoin de vivre avec lui, de m’endormir en pensant à lui. C’est quelque chose de très puissant en moi.

Julie Louis Delage

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