Paolo Crocco – Le souffleur, témoignage d’un homme de l’ombre.

| THÉÂTRE

“Le Souffleur” d’Emmanuel Vacca
Espace Comédia – Toulon
31 décembre 2021 à 21h00

Dans ce seul en scène, en forme d’hommage et de remerciement à ces hommes de l’ombre, Paolo Crocco nous livre une pièce pleine de poésie et d’humour.

Pourquoi cet hommage à ces hommes de l’ombre que sont les souffleurs ?

Souffleur est un métier qui a disparu. Ce spectacle est un hommage au souffleur, homme de l’ombre, mais aussi à tous les métiers et toutes les personnalités qui se rassemblent autour d’un spectacle, ceux qui sont présents pour le faire exister, alors qu’au final, on ne les voit pas vraiment. Que ce soit le régisseur lumière, le costumier, les régisseurs plateau, ou les décorateurs, on voit le fruit de leur travail mais eux ne sont jamais dans la lumière. C’est donc un hommage à tout ces gens, et à tous ces métiers qui disparaissent : c’étaient déjà des métiers peu visibles et aujourd’hui avec le progrès, ils ont tendance à disparaître.

Vous souhaitez mettre au centre de votre mise en scène le personnage, comment vous y prenez-vous ?

Je voudrais dire également que c’est un hommage à mon auteur Emmanuel Vacca, décédé cette année. C’est pourquoi j’attache beaucoup de valeur à mettre en scène et à jouer ce texte. Il est écrit autour du personnage d’Ildebrando Biribò, souffleur de la première représentation mondiale de Cyrano de Bergerac au Théâtre de la Porte Saint Martin. L’écriture m’a beaucoup aidé car elle était déjà centrée sur ce personnage. Pour la mise en scène, en partant du texte, j’ai essayé de suivre, l’évolution d’Ildebrando en faisant qu’il reste au centre de l’histoire. C’est son petit moment de lumière après avoir eu toute son existence dans l’ombre. J’ai été aidé par Fabio Marra, mon collaborateur artistique. J’ai créé la mise en scène avec son aide, son regard extérieur, pour aboutir à ce résultat.

Vous apportez une place importante aux costumes,aux décors, et aux lumières…

Il y a des éléments de décor très importants pour moi, entre autres une malle et un sablier qui presque comme des personnages. Ildebrando est seul sur scène et ces éléments m’aident. Le sablier marque, par exemple, le temps du spectacle. La lumière et les décors sont très importants, ce sont les deuxièmes et troisièmes personnages.

Être metteur en scène et interprète en même temps est un exercice particulier ?

C’est un exercice particulier et parfois compliqué. Il faut être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’action. Cela demande au départ un certaine maîtrise, d’autant plus que c’est un “seul en scène”. C’est parfois compliqué cette solitude. C’est pourquoi j’ai fait appel à Fabio qui a su m’aider en étant cet œil extérieur dans plusieurs situations. C’est un exercice difficile mais très satisfaisant !

Vous jouez sur le registre émotionnel pour rendre votre personnage attachant ?

Les émotions sont présentes avant tout grâce à l’histoire. Ildebrando est le porte-parole de tous les passionnés, des rêveurs, des invisibles, ceux qui luttent pour une deuxième chance. Il a la maladresse des enfants qui se mettent debout pour la première fois et la sagesse de celui qui a su écouter en silence pendant tant d’années. C’est toute cette complexité d’antihéros qui m’a convaincu d’endosser son rôle de ce personnage. C’est cette lutte, sa passion pour son métier qui le rend attachant.

Emilie Palandri

Décembre 2021