Pascal Vinardel – Excursion mélancolique au musée des cultures et du paysage.

>> Exposition du 20 janvier au 19 mai au Musée La Banque à Hyères.

L’exposition monographique « Terra Incognita » du peintre Pascal Vinardel à La Banque à Hyères, questionne le voyage contemporain à travers l’exploration d’escales oubliées.

Cette rétrospective présente une sélection de soixante-sept œuvres, huiles sur toile et lavis, réalisées ces quinze dernières années. Comment décririez-vous l’évolution de votre travail sur cette période ?
La démarche n’a pas changé, c’est la réalisation d’une rêverie visuelle et une adoration de l’espace. Mon style reste le même. Ce qui fait évoluer ma peinture depuis une cinquantaine d’années, ce n’est pas le fond, mais la forme. J’ai développé ma compréhension de la peinture comme matériau et quand on a davantage de possibilités artisanales dans le dessin et la couleur, ça génère des idées, des scènes, des configurations. Je décris le souvenir d’un pays idéal. Je préfère habiter dans mes peintures !

L’exposition propose une déambulation sur des murs sombres en contraste avec les clair-obscurs de vos œuvres. Comment avez-vous pensé la scénographie avec l’équipe du musée ?
La seule chose que j’avais demandée a été obtenue : pas de murs blancs. On m’a proposé un rouge un peu éteint qui anime le parcours, à la manière d’un mur pompéien. Il n’y a pas de chronologie, mais un cheminement de dix chapitres avec une variété de formats et deux thèmes dominants qui sont les extérieurs et intérieurs. L’éclairagiste a fait un travail plus que remarquable. Nous les peintres, nous avons souvent à faire avec des lumières trop violentes, mais là, on dirait que la lumière vient de la peinture et je suis très heureux de ce qui a été fait.

On y découvre aussi vos razos, petites descriptions précédant vos œuvres. Comment influencent-ils votre processus créatif ?
Comment mes émotions peuvent devenir de la peinture ? J’ai toujours plus ou moins écrit dès le début de mon métier pour tenir un journal, alors quand un sentiment me poursuit, je le note, ça peut devenir une bribe d’histoire, puis quelque chose fleurit, une image mentale et c’est à ce moment-là que ça commence à pouvoir devenir de la peinture. Parfois, c’est la peinture qui modifie la mémoire. Quand on peint, il nous arrive d’enfreindre les lois de l’harmonie, comme un écrivain bouscule sa syntaxe, mais il y a des lois dont on ne peut pas se défaire.

Nommé Chevalier des Arts et des Lettres, admiré par de grands collectionneurs privés et publics, votre CV est très impressionnant. Quelle est votre plus grande fierté ?
Des textes d’amis… La visite d’inconnus venus voir tous les jours le même tableau… Le début de ma notoriété s’est fait grâce à des collectionneurs, car ce sont eux qui ont justifié mon engagement et l’ont confirmé tout au long de ma carrière.

Vos toiles projettent le spectateur dans une ambiance intimiste avec un point de vue réaliste, mais elles sont aussi très épurées, équilibrées, avec une lumière chatoyante. Sommes-nous plus proche de la nostalgie ou du fantasme ?
Mes propositions invitent certes le spectateur à rentrer dans le tableau avec un jeu de perspectives qui capte le regard, mais du « fantasme », non. Je ne parle que de choses qui n’existent plus. Il y a une part d’imaginaire, mais je parle de ce qui a existé, d’atmosphères heureuses qui ont disparu, le décor auquel s’était accoutumé l’humain qui a été détruit.
Maureen Gontier

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