Pierre Beloüin – Deep In The Wood
ARTS PLASTIQUES
DEEP IN THE WOOD 12 février – 20 juin 2021 Centre d’Art Contemporain Châteauvert.
Avec une classe nonchalante, une expérience épatante, un humour décalé à la fois sombrement rock’n roll et fraîchement généreux, l’artiste plasticien Pierre Beloüin nous livre toutes les infos concernant son exposition dans le joyau surprenant qu’est le Centre d’art contemporain Châteauvert, au fin fond de la Provence verte.
Deep In The Wood, c’est le nom d’un festival de rock en Belgique et le nom d’un thriller français assez lugubre, mais aussi celui de ta nouvelle expo. Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Dans mon travail, je fais régulièrement référence à des titres d’album et en l’occurrence, il s’agit cette fois d’un morceau du groupe punk australien Birthday party, un des premiers groupes dans lequel Nick Cave a joué. Le titre est seulement un générateur d’idées pour l’expo, mais elle ne colle pas du tout aux paroles. C’est plus une manière d’exprimer ce que j’imagine du Haut-Var. Mon père habite à Salernes et j’ai fait mes études en primaire là-bas. J’aime jouer sur les clichés des lieux où je vais, cette image d’Épinal du pays de chasseurs de sangliers, un Twin Peaks à la française ! J’avais déjà utilisé ce principe de clichés pour une expo à Nice en 2008 (Casino 23’), où j’avais reconstitué une salle de jeu et une backroom. C’était une manière de créer des rapprochements imaginaires entre la mafia et l’art contemporain !
Deep In The Wood, c’est aussi le nom d’une sculpture lumineuse que tu as produite exprès pour cette exposition. Parle-nous des œuvres de l’exposition.
Oui, cette œuvre est disposée sur une structure que j’ai appelée « Catwalk & Tree », un podium de défilé en bois au bout duquel se tient planté un arbre trouvé dans la forêt. Lydie Marchi, la directrice, voulait se débarrasser de vieilles cimaises, alors on les a recyclées pour créer cette œuvre. Et pour l’affiche, on a d’ailleurs utilisé une typo qui rappelle les veines du bois de cette scène. J’ai aussi choisi d’emprunter au Musée des Contes de Provence une peinture datant de 1898 de Charles Vourrial, un peintre local. On y voit une bataille navale, mais elle est loin d’être classique. Son cadrage est très particulier et son traitement graphique assez contemporain. J’ai aussi rejoué une pièce : « Bas-Relief ». L’idée de l’œuvre m’est venue involontairement : j’ai été inspiré par une observation urbaine de bouteilles coincées dans un grillage. Cela formait une sorte de vague qui m’a aussi fait penser aux ondes sonores… J’ai voulu reproduire ce dispositif de façon monumentale. Il y a donc un grillage galvanisé accroché tout le long des murs dans lequel apparaissent 2000 bouteilles. (Un vrai Guiness record !)
Tout ton travail de plasticien est basé sur ce lien que tu entretiens avec la musique ?
Oui, d’ailleurs, je ne peux pas m’empêcher d’inviter des musiciens, alors j’ai programmé quelques concerts à Châteauvert. Dans cette expo, il y a aussi une pièce achetée par le FRAC PACA qui diffuse les archives sonores du label « Optical Sound » que j’ai fondé en 1997. Et j’ai aussi choisi une bande sonore du groupe anglais « Nurse With Wound » qui s’est inspiré de l’histoire du Mary Celeste : un galion fantôme retrouvé voguant en mer sans équipage. C’est une longue boucle évolutive d’une heure où on entend un drone à la dérive. Pour moi, c’est une des pièces constituantes de l’expo, de son univers marin avec ses bruits de grincements de cordes et de parquets. Une pièce oppressante, noire, mais belle et méditative. Maureen Gontier
Site internet de Pierre Beloüin