Pierre Dutertre & Denis Robinot – Entre art et artisanat..

ARTS PLASTIQUES

Bleus Matières
La Criée aux Fleurs – Ollioules
Du 7 au 25 juillet

Pierre est une référence dans le monde de la poterie varoise, à l’origine notamment du « Printemps des Potiers ». Denis, plasticien de son état, a demandé à Pierre de le former au travail de la céramique, et au vu de leurs productions, ils ont décidé de nous les faire partager lors d’une exposition à Ollioules.

Comment est née cette envie de travailler ensemble ?
Pierre : Les artistes ont pour habitude de voir immédiatement le résultat de ce qu’ils font, mais en céramique, après la cuisson tout change : tu mets du gris, ça devient du bleu… Denis souhaitait découvrir cette technique. On a commencé à expérimenter. Et en voyant le résultat, on a décidé de faire une expo. Denis : Nous nous connaissons depuis longtemps, faisant tous deux partie de l’association des métiers d’art d’Ollioules. Travailler avec Pierre pour un plasticien, c’est une fierté, étant donné sa rigueur. Je suis venu tous les vendredis, pendant huit mois, pour découvrir le travail de la terre. J’ai souhaité mettre ma créativité picturale au service de la céramique. Pierre m’a appris à canaliser ma créativité. A la cuisson, la chaleur prend la parole et vient terminer le processus. Dans la céramique, on a la terre, l’eau, le feu… toute une symbolique se met en route.

Quelles pièces montrerez-vous pendant cette exposition ?
Pierre : Le travail réalisé par Denis dans l’atelier ainsi que nos productions respectives. Je reste attaché à mon métier, je suis potier avant tout. Je montrerai un travail plus ancien : « Les passants », réalisé pour la Maison du Cygne. J’aime travailler dans l’urgence, je vais cuire encore quelques pièces d’ici l’exposition. La transmission fait partie de mon axe idéologique. Nous accueillons des étudiantes, Lisa et Célia, qui ont participé, c’est un travail en commun, que j’encadrais. Une cuisson dure trois jours, ça demande du temps et de l’énergie. J’espère pouvoir continuer à travailler avec Denis, cette expo n’est pas une finalité. Denis : Une moitié de l’exposition est dédiée à notre travail commun, avec un jeu de questions-réponses. Pour la pièce en photo par exemple, j’ai proposé un tableau à Pierre, il a imaginé une œuvre pour aller avec, et en réponse j’en ai créé un autre. Nous allons chercher d’autres lieux pour accueillir cette expo.

Pouvez-vous nous parler de votre démarche artistique ?
Denis : La mienne est autour du bleu. Cela me permet d’être très libre dans mes compositions. Il existe tellement de nuances et de matières possibles. A partir du moment où l’on pose la couleur sur la toile s’enclenchent des processus chimiques entre liant, eau, pigments… Mon travail se situe dans le processus de transformation du pigment. Je travaille beaucoup avec du bleu outremer, plus violet, du cobalt, un bleu pur, ou de l’indigo et du prusse, qui contiennent plus de noir et donc de contraste. Je travaille exclusivement par série. Pierre : le métier d’artisan a beaucoup changé. Il est en reconquête d’image. Nous sommes amenés à répondre à des sollicitations de tout ordre, du numéro de plaque de maison à, comme c’est le cas ici, la formation d’un artiste. Nous produisons des objets de plus en plus créatifs, la fonction reste un peu, mais c’est presque l’exception, le public recherche des choses qui le touchent et l’étonnent. Mais, nous avons des référents, une assiette reste une assiette. Nous sommes à mi-chemin entre la création et l’artisanat, et j’aime rester en équilibre sur cette frange, je suis un peu artisan, un peu artiste, même si je ne me sens pas vraiment artiste.

Juillet 2021